L'enjeu est de taille et clive la société : la reconnaissance de l'État palestinien doit-elle précéder les négociations de paix ou leur succéder ? Israël et la Palestine sont-ils prêts aux deux situations ? EPTV mène l'enquête.

État palestinien : les fondements ou l'apogée de la paix ?

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11921945/m003-0306-fr.srt

498 voix pour, 88 contre  et 111 abstentions.

Par ce vote, le PE a affirmé son soutien  à la reconnaissance d'un État palestinien

et à une solution de paix  fondée sur deux États.

La résolution adoptée est l'aboutissement  de longues négociations

entre les familles politiques de l'hémicycle.

Le texte voté n'impose pas aux États de  reconnaître aussi la Palestine comme État.

C'était pourtant un souhait  de certains eurodéputés.

EuroparlTV a rencontré  différents acteurs du dossier :

parlementaires européens, représentants  de l'autorité palestinienne,

ambassadeur israélien, historien… Tous  nous ont dévoilé leur vision du dossier.

Maria Arena est une eurodéputée  socialiste belge.

C'est sa famille politique  qui a poussé le PE

à se prononcer sur la question  de la reconnaissance d'un État palestinien.

Aujourd'hui, l'évolution qui a été faite  du territoire palestinien

la solution à deux États  ne serait plus possible.

Donc, il faut faire un stop  à ce qui se passe aujourd'hui

et ensuite mettre les différents acteurs  autour de la table.

Et pour ça, il faut  qu'il y ait cette reconnaissance.

On ne peut pas faire autrement  que de reconnaître

Une position partagée par l'ambassadrice  de l'autorité palestinienne auprès de l'UE.

Pour Leila Shahid,  la reconnaissance d'un État palestinien

est un frein à la colonisation israélienne.

Israël dit qu'elle négocie, mais entretemps  colonise des territoires jour après jour.

Aujourd'hui, il y a plus d'un demi-million  de colons dans les territoires palestiniens,

un mur de 700 km et une Jérusalem-Est  complètement assiégée et annexée.

Si nous refusons  cette solution des deux États,

si nous permettons à ce gouvernement  de continuer à coloniser le territoire,

dans un seul État où il y aura en 2020  autant de Palestiniens que d'Israéliens.

Les socio-démocrates souhaitaient une  reconnaissance sans conditions préalables.

Impensable pour réunir une large majorité  au sein de l'hémicycle.

Après négociations,  le texte adopté stipule que le PE

soutient le principe de l'État palestinien  et la solution fondée sur deux États

et affirme que cela doit aller de pair  avec la relance des pourparlers de paix.

La vraie reconnaissance de la Palestine,  c'est la fin de ce processus de négociations

entre les deux parties, parce que les deux  parties existent bel et bien aujourd'hui,

Une condition,  c'est la démocratisation des acteurs

qui sont face à face dans les négociations.

Or, on a un État démocratique,  l'État d'Israël,

mais face à lui, on n'a pas un État  qui fonctionne selon la démocratie.

Donc, un premier pas  pour faire bouger les choses,

c'est de soutenir une vraie démocratisation  des Palestiniens.

Cela signifie l'isolement de toute faction  qui nie les principes de la démocratie.

L'enjeu pour les députés qui ont  massivement voté en faveur du texte,

c'est d'encourager la reprise du dialogue  de paix entre Israéliens et Palestiniens.

Mais comment ce message est-il perçu  par l'État hébreux ?

L'ambassadeur israélien auprès de l'UE  est très clair sur ce point.

Le fait est que vous ne pouvez pas imposer  aux Palestiniens et aux Israéliens

vos opinions de l'extérieur. Je suis désolé,  il s'agitt de deux entités indépendantes

et elles doivent vouloir le faire  par elles-mêmes,

Vous voulez, d'après ce que j'ai compris  ou que les parlementaires m'ont dit,

pousser les Israéliens  et les Palestiniens à dialoguer.

Malheureusement, ce que vous faites,  c'est continuer à les éloigner.

La reconnaissance d'un État palestinien  clive la société israélienne.

Elie Barnavi, historien  et ancien ambassadeur d'Israël en France,

fait partie d'un groupe de 800 intellectuels  israéliens signataires d'une pétition

en faveur de la reconnaissance de l'État.

La solution sera internationale,  imposée, ou ne sera pas.

Et ce pour des raisons diverses, notamment  la faiblesse politique des adversaires.

Nous pouvons faire la guerre. Pour ça,  il ne faut pas être fort politiquement.

La guerre unit.  Pour faire la paix, c'est une autre affaire.

Quand M. Rabin - le premier ministre -  a essayé, il a été assassiné.

Donc, ce qu'on demande aux Israéliens  et aux Palestiniens de faire,

ce sont des choses extrêmement pénibles,  qui divisent profondément.

Même sans valeur juridique, le vote du PE  est important et chargé de symbole.

C'est le seul lieu où s'exprime l'opinion  des sociétés de 28 États membres,

Ce n'est pas rien. C'est un demi-milliard  de citoyens européens.

Ce serait totalement incohérent que le PE  ne reconnaisse pas son partenaire.

Je suis ambassadeur auprès de l'UE.  Qui je représente ?

plus on sent monter cette espèce d'horreur

qui est une société dont les deux moitiés  sont contraintes de vivre ensemble

et inégalitaire par définition -  un occupant et un occupé.

Donc, s'il n'y a pas d'État palestinien,  de divorce,

de frontière -  puisque nous n'en avons pas encore,

c'est une anomalie en droit international -

nous aurons cette situation-là  et ce sera la fin du projet sioniste.

Après le PE, c'est au Conseil de sécurité  que s'est déplacé le combat diplomatique

entre l'autorité palestinienne et Israël.

La Palestine a déjà déposé  une feuille de route pour une paix durable.

Si acceptée,  elle établirait la paix d'ici 2015

et le retrait des troupes israéliennes  des zones occupées avant fin 2017.