La réforme de la politique commune de la pêche vise à reconstruire les stocks de poissons et à protéger le secteur de la pêche, mais qu'en pense l'industrie ?

Reporter : La survie des poissons et des pêcheurs ?

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/15698468/M003-0137-FR.srt

C'est parti pour la réforme  de la politique commune de la pêche.

Premier objectif : pêcher moins pour  reconstituer les stocks de poissons.

EuroparlTV s'est rendue à Boulogne-sur-Mer  en France, pour prendre la température.

2h30 du matin, port de Boulogne-sur-Mer,  nord de la France.

Ces bateaux de moins de 12m  partent avec la marée

et font plonger leurs 8 km de filets  pas très loin des côtes.

À bord du fileyeur "Jérémy Florent",  on sait beaucoup de choses

grâce ou à cause des réglementations  de l'UE :

la zone de pêche, les pourcentages de  poissons autorisés et le temps nécessaire.

si ses enfants feront encore  ce métier-là dans dix ans.

C'est censé sauver la pêche, mais cela  va plutôt nous faire disparaître.

On aime ça, on aime la mer,  on aime la liberté.

Aujourd'hui,  il ne reste rien de tout cela.

On est dans un carcan administratif de  lois, de mesures techniques, de quotas...

Chez les Lhomel comme chez  les autres fileyeurs de Boulogne,

sur laquelle Christophe Lhomel aimerait  que Bruxelles s'attarde un peu plus.

Je n'ai jamais vu personne de Bruxelles  venir à bord de mon bateau et dire :

"On va vous vous observer  pendant une année."

À partir de janvier,  le ton va se durcir.

Un permis à points sera mis en place  pour pénaliser les pêcheurs

qui ne respectent pas  les réglementations.

Que faire du poisson qui rentre dans les  filets mais qu'il est interdit de pêcher ?

Si je respectais la loi actuelle, je  devrais jeter la moitié des plies.

Pourquoi ?  - Parce que j'ai 25 kg de soles.

Je n'ai le droit qu'à 30%  d'espèces non-ciblées.

Je devrais jeter tout ça  par-dessus bord.

Je ne crois pas avoir vidé la mer  avec 2 coffres de poissons.

Je vais les débarquer même si je suis  en fraude car je n'ai plus de poissons.

La femme de Christophe Lhomel  préfère rester à quai.

Comme nombre de femmes de fileyeurs,  elle vend une partie de la pêche du jour.

Des poissonniers de Paris se rendent à  Boulogne car le poisson y est moins cher.

Sur les quais d'en face commence  un autre monde, celui des chalutiers.

Une cinquantaine sur Boulogne.  Celui-ci est en réparation.

Après, il ne reprendra pas la mer car il  est en repos biologique pour 2 semaines.

L'objectif de Bruxelles est de favoriser  la reproduction du poisson.

Le système d'arrêt temporaire,  ce n'est pas ce qu'il y a de mieux.

Ou alors il faudrait que cela se fasse  partout en Europe.

Les bateaux à l'arrêt sont en partie  subventionnés par l'UE.

30-35% maximum de la flottille peut rester  à quai sans que la filière soit menacée.

Quand il y a un problème de gestion  des quotas, on ne nous écoute jamais,

on écoute le scientifique,  c'est un problème.

Quand on constate en mer,  prenons l'exemple du cabillaud....

Il y a du cabillaud. On ne l'invente  pas, c'est la réalité du terrain.

Pourquoi ne vient-on pas voir avec nous,  sur le terrain,

au lieu de rester derrière un ordinateur  en disant : "Non, c'est impossible" ?

Un des baromètres de la santé du port de  Boulogne est ce chantier naval de 100 ans.

Ici aussi on a senti la crise. Moins de  bateaux sont construits. Et pourtant...

Aujourd'hui, le secteur est devenu  plus professionnel.

Ces gens ont su passer les étapes de ces  critères qui ont pénalisé la construction.

On peut être  plus serein quant à l'avenir.

La réforme de la PCP est lancée.  Le défi est de taille :

il faut repeupler les mers,  protéger l'industrie de la pêche,

tout en prenant en compte la demande des  consommateurs en constante augmentation.