L'UE a-t-elle définitivement perdu la partie contre la Russie pour conclure une alliance avec l'Ukraine ? L'avis d'Elmar Brok.

Kiev à la croisée des chemins : quelle direction prendra l'Ukraine ?

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Elmar Brok, vous êtes revenu dimanche  de Kiev, en Ukraine.

Comment est la situation ?  - Très précaire et dangereuse.

Il est clair que le président Ianoukovitch  s'est tourné vers la Russie

contre la volonté de la majorité  de la population.

Je ne sais pas si ces deux positions  sont conciliables.

J'espère que M. Ianoukovitch rassemblera  tout le monde autour de la table

tout en respectant la volonté  de la population de se rapprocher de l'UE.

Des centaines de milliers de personnes  ont manifesté toute la semaine.

De nombreux manifestants ont été déçu

de la lenteur qu'il a fallu  à Bruxelles pour élaborer une vraie réponse.

Nous les avons soutenus depuis le début.

C'est pourquoi plusieurs eurodéputés  du groupe du PPE se sont rendus là-bas.

Il est aussi grand temps  que Mme Ashton s'y rende

pour essayer de réunir  les parties prenantes autour de la table,

pour qu'un processus démocratique  et pacifique soit possible.

Certains de vos collègues disent que la  Russie a tout simplement gagné la partie,

Elle a gagné un match,  mais la saison n'est pas finie.

J'espère que les gens  parviendront à leurs fins,

que la liberté, la modernisation économique  et de meilleures conditions de vie

prévaudront sur les décisions  à court terme

qui découlent des intérêts économiques  unilatéraux d'un petit groupe d'Ukrainiens.

Certains de vos collègues  au Parlement disent

qu'il faudrait laisser les Ukrainiens  décider eux-mêmes sans qu'on interfère.

Ils sont assez grands pour décider  eux-mêmes. Qu'en pensez-vous ?

C'est vrai, mais c'est ce que nous faisons.

La décision a été prise à Kiev,  pas à Bruxelles ou à Moscou.

Je sais que le peuple ukrainien  prendra la bonne décision.

Nous pouvons simplement  soumettre une proposition.

Personne n'a le droit d'influencer  la décision souveraine d'un peuple

comme la Russie l'a fait avec des mesures  commerciales, les boycotts, l'énergie,...

Elle essaie d'empêcher l'Ukraine de prendre  une décision, comme en Arménie.

M. Ianoukovitch aurait voulu  un accord douanier.

Pensez-vous qu'il ne s'agissait  que de cela ?

Non. Il aurait obtenu un accord douanier  bien meilleur avec nous,

mais il redoute la pression de la Russie,  qui a déjà causé beaucoup de dégâts.

La politique actuelle de M. Poutine  a pour but de rétablir l'empire russe.

Il s'agit de cela, pas d'une question  commerciale ou de zones commerciales.

La Russie veut rétablir  l'empire des tsars.

Et Moscou essaie donc de reprendre  le contrôle sur ses anciennes républiques.

En Ukraine, surtout à Kiev, les gens  craignent une escalade de la situation.

Jusqu'où êtes-vous prêts à aller  si cela se produit réellement ?

C'est à la population de décider,  pas à moi.

Ils ont peur d'être soumis à une sorte  de pression russo-soviétique.

Le peuple ukrainien a peur  de perdre sa liberté.

Notre devoir est  de prendre cela au sérieux.

On dit souvent que l'UE  a été trop loin pour la protéger,

que c'était le rôle  du système juridique ukrainien.

Tous les experts juridiques et la Cour  européenne des droits de l'homme

disent que le système juridique  n'est pas libre.

C'est pourquoi, outre Mme Tymochenko,  il faut un nouveau système juridique

dans lequel le procureur général  a plus de pouvoir que les juges.

L'État de droit est une condition préalable  au développement d'un pays.

Si nous renonçons à la démocratie  et à l'État de droit,

alors il est inutile  de parler de nos valeurs.

Mais avez-vous l'intention  de dire aux Ukrainiens

que l'adhésion à l'UE est un réel espoir  s'ils continuent à se tourner vers nous ?

C'est un processus  de développement mutuel.

L'Ukraine a des difficultés à remplir  les conditions d'un accord d'association.

Une fois qu'elles seront remplies,  on pourra parler de l'étape suivante.

Ils sont encore loin  de devenir un pays candidat.

Leur capacité de développement ne suffit  pas par rapport aux questions politiques.

Nous voyons les choses  d'un point de vue européen.

Une option intermédiaire comme celle  avec la Norvège pourrait être une solution,

La Norvège a accès au marché unique  et fait partie de l'espace Schengen.

Le chemin vers l'UE doit  se faire étape par étape.

Cela dépend de la capacité et de l'élan  de chaque pays, et de la capacité de l'UE.