Le ministre belge des finances Didier Reynders nous parle de la nouvelle supervision financière européenne. Selon lui, l’UE doit faire preuve d’unité au sujet de la taxation sur les transactions financières.

Interview: On doit avancer en Europe même si on ne parvient pas à avancer au niveau international

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/15130972/n003-0079-fr.srt

Un mois de septembre  riche en événements

pour les milieux  économiques et financiers.

Après un an de négociations, l'accord sur  la supervision financière est enfin là.

Quatre organismes de contrôle  pour contrôler trois secteurs.

Pouvez-vous nous expliquer  comment cela va fonctionner?

L'idée était  de faire passer cette supervision

parce que l'ambition est d'avoir au 1er  janvier 2011 des nouveaux instruments.

C'est à la fois le secteur bancaire, celui  des assurances et les marchés financiers

qui vont être contrôlés  par des structures européennes.

On est pas encore dans une logique  de contrôle exclusivement européen,

mais on démarre réellement  un vrai contrôle européen.

C'est la première leçon  tirée de la crise financière.

Les institutions qui travaillent dans toute  l'UE ou dans un grand nombre d'Etats

vont être contrôlées, du moins en partie,  par ces institutions à l'échelle de l'UE.

Certaines institutions  ont un caractère systémique.

En cas de crise grave  dans une grande institution bancaire,

les conséquences concernent  la banque, ses clients et ses actionnaires.

mais aussi d'autres banques, clients et  actionnaires et l'économie en général.

On l'a vu dans la crise économique et  sociale que l'on vit depuis deux ans.

On parle beaucoup d'un impôt  sur ces transactions financières.

D'un côté, la Grande-Bretagne, l'Espagne  et la Suède n'en veulent pas.

Les Suédois disent même qu'ils ont  déjà essayé et que ça ne fonctionne pas.

Quels sont vos arguments pour faire  passer l'idée française et allemande?

C'est aussi celle de la Belgique  et d'autres pays.

Que nous disent les pays que vous  mentionnez? On ne peut pas agir seul.

L'activité financière est alors  partie vers d'autres pays.

Rappel historique:  la City de Londres existe essentiellement

parce qu'un jour les Etats-Unis ont  prélevé une taxe

et les activités sont  parties vers la Grande-Bretagne.

Donc, prendre une telle mesure  dans un seul pays n'a pas de sens.

Beaucoup d'Etats sont réticents sur la  taxation des transactions financières.

Mais même en cas d'accord,  que va-t-on faire de la recette?

Je l'entends au PE: certains veulent que  cela revienne au budget européen.

D'autres veulent pouvoir résorber  les déficits nationaux.

D'autres encore veulent lutter  contre les changements climatiques.

Et d'autres enfin veulent aider  au développement des pays pauvres.

Certains disent que les autres devraient  faire de même et on en reparlera au G20.

même si on n'arrive pas à avancer  à l'échelle internationale...

Que se passe-t-il même avec une  solution de l'UE si le G20 ne suit pas?

C'est ce que nous proposons. Certains  pays du G20 tiennent la même position.

Je pense au Japon  qui est assez favorable.

Mais si tout le monde n'est pas d'accord  au G20, nous aurons le débat dans l'UE

Mais j'insiste, il ne faut pas tromper  l'opinion publique.

Si nous prélevons cette taxation  sur les transactions financières,

le montant collecté ne pourra pas servir  trois ou quatre fois.

J'entends au PE, au Conseil  et dans les parlements nationaux

qu'avec cette recette,  on va tout régler -

Les budgets européens et nationaux,  les changements climatiques, l'aide, non!

Soit on met un quart de la recette  dans chacun de ces objectifs

C'est un élément important,  mais il ne faut pas oublier d'autres débats

et d'autres types de prélèvement,  comme l'énergie.

L'accès au marché.  On passe au dernier sujet:

les fonds d'investissement alternatifs,  plus connus sous le nom de hedge funds.

Jean-Paul Gauzès espère beaucoup  de Didier Reynders, nous a-t-il dit.

Où en est-on?  Va-t-on réellement voter début octobre?

C'est réciproque car j'ai beaucoup  compté sur le PE

pour aboutir à l'accord  sur la supervision.

La Commission, le PE et le Conseil  doivent travailler ensemble.

On a mis toute l'énergie possible pour  atteindre cet accord sur la supervision.

Il nous reste deux problèmes: comment  gérer les fonds de private equity?

Je crois qu'il faut réellement  prendre des mesures.

Un des débats  qui agitent l'opinion est:

peut-on laisser des fonds  d'investissement racheter une entreprise

et la dépecer  et vider sa trésorerie?

Il faut des règles,  mais qui ne vont pas trop loin

que pour empêcher  toute stratégie économique.

Parfois, des groupes se sont divisés en  plusieurs entités pour être plus efficaces.

Il faut trouver un équilibre  et nous y arriverons.

Puis, il y a le problème  du passeport européen

ou de la manière de traiter pareillement  les fonds issus de l'UE

et ceux issus de pays tiers,  extérieurs à l'UE.

Nous y travaillons et essayons de le faire  avec les Etats membres de l'UE.

Ce n'est pas facile, mais j'espère  qu'avec le PE et mes collègues

nous trouverons des voies de  compromis d'ici début octobre.

Vu la crise belge, on dit que vous avez  beaucoup de temps pour l'Europe.

Vous sentez-vous bien  sur ce parquet européen?

Les Belges en général se sentent assez  bien sur le parquet européen.

Nous sommes un Etat fondateur de l'UE  et sommes très volontaristes.

Depuis le 1er juillet,  j'ai consacré du temps

à tenter de faire aboutir  certains dossiers.

C'est aussi une façon de se préparer:  si on trouve des accord européens,

pourquoi pas trouver  un accord en Belgique?

Des dossiers qui aboutissent  sont justement plus amusants.