Gabriele Zimmer salue les points forts de la législature 2009-2014 mais critique la gestion d'une crise que l'Europe a pu voir venir.

Un voyage à travers 5 années à la barre de la gauche unitaire européenne

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11778878/v009-0004-fr.srt

C'est l'heure du bilan pour la gauche  unitaire européenne/gauche verte nordique.

Leur devise est de changer l'Europe et  d'arrêter les coupes budgétaires imposées.

La présidente du GUE/NGL,  Gabriele Zimmer,

résume le travail des 35 membres  de ce groupe parlementaire.

Gabriele Zimmer, bienvenue.  De 2009 à 2014, cinq ans.

Quel a été le moment  le plus important pour vous ?

Pour moi, personnellement, c'est d'avoir été  élue présidente du groupe parlementaire

Ou quand nous nous sommes associés  à des personnes des mouvements sociaux

et avons réalisés que quand nous adoptons  une position, ça ne passe pas inaperçu

et beaucoup considèrent cela important.

Et l'économie ? Le principal sujet  de ces 5 dernières années, c'est la crise.

Comment voyez-vous cela  du point de vue de votre groupe ?

Et que feriez-vous différemment  aujourd'hui ?

Il était déjà clair avant cette législature  que la crise allait frapper fort

et que la question de savoir comment sortir  de la crise dominerait cette période.

Donc, je ne suis pas satisfaite  de la manière dont nous l'avons gérée.

Par exemple ?  - Je pense que la gestion de la crise

parce qu'elle se basait surtout sur le fait  que les citoyens endosseraient ses effets

alors qu'ils sont les moins responsables et  que ceux qui l'ont causée ont été épargnés.

Regardez comment la dette privée des  banques a été convertie en dette publique

et les coupes massives que cela  a engendré dans les budgets nationaux,

ce qui, dans des pays comme la Grèce,  le Portugal, l'Espagne et l'Irlande

a produit des conditions de vie pratiquement  impossibles à supporter pour les citoyens.

Pourquoi ne pas en avoir fait davantage ?  La gauche du PE n'est pas si mauvaise.

Vous n'arriviez pas à collaborer avec les  autres, les sociaux-démocrates, les verts ?

C'était l'occasion d'avoir  une réelle coopération.

Uniquement sur certains points. Au début,  les sociaux-démocrates ont soutenu

l'idéologie de l'austérité et ont prétendu  que c'était comme ça,

les Grecs n'avaient pas bien géré  et avaient vécu au-dessus de leurs moyens

et donc ils devaient maintenant  supporter des compressions.

Jusqu'à ce qu'ils réalisent  que les mesures

prescrites au nom de la Troïka et de l'UE

échoueraient et qu'elles ne mettaient pas  le poids des dettes sur les responsables.

Vous saviez que personne de la Troïka  ne savait vraiment vers quoi on allait ?

Je crois que personne  n'est prêt à porter le chapeau.

Il y a de grandes différences d'opinion  au sein de la Troïka sur elle-même,

mais aussi pour savoir qui est responsable  de la pression exercée par la Troïka

pour réduire les salaires, supprimer des  emplois, privatiser des institutions...

Personne ne veut en assumer  la responsabilité et cela ne va pas.

Ils devraient admettre cela, pour  qu'ils puissent être tenus responsables

et être obligés de changer leurs  politiques, sinon, c'est trop flou.

Vous auriez agi différemment ?  - Oui, bien sûr.

En tenant les banques responsables,  plutôt qu'en créant des fonds de sauvetage,

en tenant les spéculateurs  sur les marchés financiers responsables

et surtout en finançant des programmes  d'investissements soutenant l'aspect social,

la création et le maintien d'emplois ainsi  que les petites et moyennes entreprises.

On aurait pu faire beaucoup de choses.  - Selon les statistiques,

Mais vos propres perspectives électorales  ne sont pas mauvaises du tout.

On dit qu'il pourrait y avoir  une surprise, en quelque sorte.

Vous voulez dire l'avenir de la gauche  ou celui du Parlement ?

L'avenir du Parlement,  ainsi que celui de la gauche.

Bien, d'accord,  abordons cela sous cet angle.

Nous avons eu un avant-goût de ce qui  nous attend avec le vote du rapport Estrela,

nous avons vu  la majorité conservatrice essayer

de renverser des valeurs importantes  et revenir sur des normes établies,

notamment concernant les droits  des femmes à l'autodétermination.

Il y a eu des débats pour reconnaître  tous les styles de vie et de mariages.

Les campagnes électorales devraient  mettre cela encore plus en évidence.

Et je crains qu'il y ait une hausse  des conservatismes nationaux,

quelque chose qui ressemble  à une Tea Party européenne.

L'intolérance absolue que je perçois  chez certains me fait frémir.

Gabriele Zimmer, merci beaucoup.  - Merci.