Le MES sera-t-il la panacée pour les pays connaissant des difficultés économiques ? Gabriele Zimmer et Gay Mitchell analysent les tenants et les aboutissants de ce nouveau fonds de sauvetage permanent de la zone euro.

360° : Le mécanisme européen de stabilité

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/16080816/d004-0016-frx_mf.srt

En Allemagne, la plus haute cour  du pays, la Cour constitutionnelle,

a rendu une décision historique  concernant le sujet examiné ici,

le mécanisme européen de stabilité,  ou MES.

La Cour a décidé qu'il n'allait pas  à l'encontre de la constitution allemande,

ôtant ainsi un obstacle important à la  ratification du traité par l'Allemagne.

Le MES place divers outils de sauvetage  sous un même toit

aux pays confrontés  à des difficultés économiques.

Comment fonctionne-il précisément ?  Qui en bénéficiera ?

Quels sont les pièges  et les inconvénients ?

J'ai avec moi en studio  pour en discuter deux eurodéputés

qui ont leur idée sur la question.  L'Allemande Gabriele Zimmer,

présidente du groupe de la gauche unitaire  européenne - gauche verte nordique,

L'Irlandais Gay Mitchell, membre  du groupe du parti populaire européen.

Bienvenue à vous deux.  Avant de regarder une petite animation

qui vous explique presque tout  ce que vous devez savoir au sujet du MES,

écoutons vos réactions  face à la décision de la Cour.

Gabriele Zimmer, qu'est-ce que cela  implique pour l'Allemagne et la zone euro ?

Pour l'Allemagne, cela signifie que nous  devons soutenir les États membres

qui luttent pour leur propre stabilité,

qui ne sont pas en mesure  de payer leurs propres dettes.

C'est la raison pour laquelle on soutient  un mécanisme, pour trouver des solutions.

Nous pensons qu'il faut faire preuve  de solidarité entre États membres

et qu'il faut aider les citoyens  d'autres pays s'il y a des problèmes.

Mais nous devons aussi trouver  des solutions de manière démocratique.

Voilà pourquoi la Cour constitutionnelle  s'est prononcée aujourd'hui.

C'était très intéressant  et très important

parce qu'il faut que le parlement national  soit aussi en mesure de décider

du montant de la responsabilité  de l'Allemagne

dans le mécanisme européen de stabilité.

Merci beaucoup.  Gay Mitchell, vous venez d'un pays

qui est jusqu'à présent bénéficiaire  des renflouements de l'UE et du FMI.

Selon vous, qu'est-ce que la décision  de la Cour constitutionnelle

et le feu vert qu'elle donne  pour avancer avec le MES

permettront de réaliser pour l'Europe ?

Concernant la décision, je pense que cela  indique le vrai problème que nous avons.

L'Europe va devenir ingouvernable. On doit  se demander : "Qui sommes-nous ?"

D'ici 2050, l'ensemble de l'Europe  représentera 6% de la population mondiale.

Voilà qui nous sommes. L'Allemagne,  la France et la Grande-Bretagne

n'auront plus de place au G8  ou à ces lieux importants.

Nous devons donc commencer de plus  en plus à veiller aux problèmes européens.

On ne peut pas y arriver si on dépend  de la Cour constitutionnelle allemande,

d'un référendum en Irlande  ou d'une élection générale en Finlande.

Il nous faut plus d'Europe.  Voilà la réalité.

Quand les gens regarderont l'histoire,  ils verront

la seconde moitié du 20e siècle  et le début du 21e siècle

comme l'âge d'or de l'Europe.  C'est ce qu'on dira dans le futur.

Nous avons été confronté à la plus grande  crise financière depuis les années 1930

et nous l'avons gérée. Voilà ce que  je pense que le MES nous aidera à établir

Examinons certaines de ces grandes  questions en temps utile,

ainsi que certains points que vous avez  soulevés sur la conditionnalité.

Regardons d'abord cette animation vidéo

préparée par mon collègue  Christophe Garach,

qui examine les tenants  et les aboutissants du MES dans le détail.

Bonjour, je m'appelle Saara.  J'aimerais poser la question suivante.

Nous devons tous payer pour sauver  notre monnaie unique, l'euro.

Comment peut-on être sûr que ce n'est pas  jeter l'argent par les fenêtres ?

Avec la crise de la dette grecque, c'est  toute la zone euro qui a été ébranlée.

Or, la fin de l'euro représente  un risque incalculable

et pour éviter la faillite,  il faut donc stabiliser la zone euro.

À côté de la politique monétaire  menée par la BCE

et après avoir renforcé  le pacte de stabilité budgétaire,

la solution proposée s'appelle le MES,  le mécanisme européen de stabilité.

Son rôle : accorder des prêts aux pays  en difficulté avec ou sans l'aide du FMI.

Mais pas question de renflouer un État  sans contrepartie.

Pour bénéficier du MES, un État  devra d'abord se rapprocher du FMI,

tout en respectant l'indépendance  de la BCE,

et il faudra désormais mettre en œuvre  des règles budgétaires bien plus strictes.

Le MES représentera  les 17 membres de la zone euro.

À sa tête sera nommé  un directeur général.

La Commission et la BCE pourront devenir  observateurs si elles le souhaitent.

Mais chaque membre du MES  n'aura pas le même poids.

Le premier actionnaire sera l'Allemagne,  soit 27% du capital.

Deuxième actionnaire, la France,  suivie par l'Italie.

Malte, le plus pays de la zone euro,  sera lui le plus petit actionnaire.

Après bien des hésitations, le capital  du MES a été fixé à 700 milliards d'euros,

dont 80 milliards  seront libérés dans un premier temps.

Ce sont les États qui financeront  directement le MES.

Cet argent servira de garantie  pour lever d'autres capitaux.

Ces capitaux pourront alors être mis  à disposition d'un État en difficulté,

Mais pas question d'aider  un malade qui refuse de se soigner.

À la demande de l'Allemagne, toute aide  sera soumise à des conditions strictes.

La zone euro interviendra si le pays  en difficulté a demandé de l'aide au FMI

Si le pays aidé ne respecte pas  ses obligations,

il devra payer une amende  en plus de sa participation au MES,

et naturellement,  il ne pourra plus recevoir d'aides.

Mais qui contrôlera les activités  du mécanisme européen de stabilité ?

Les eurodéputés l'ont vivement regretté,

mais ni le PE, ni les parlements nationaux  n'auront leur mot à dire.

Ils seront tenus informés des décisions  du MES, mais ne pourront pas s'y opposer.

La surveillance du MES  sera quand même confiée

à des auditeurs internes et externes  nommés par le MES.

Ces contrôleurs auront tout pouvoir  pour examiner les comptes du MES

et pour obtenir toute information  sur ses opérations.