La politique agricole commune, une politique européenne longtemps incomprise et mal présentée, doit être mieux expliquée, déclare Paolo De Castro. En tant que nouveau président de la Commission Agriculture, il remet les choses en place.

L'interview : la PAC, c'est simple comme bonjour pour le président de la Commission Agriculture (version longue)

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Paolo De Castro,   bienvenue sur EuroparlTV.

Vous avez été élu président   de la Commission de l'agriculture.

C'est une commission importante   car si le traité de Lisbonne est ratifié

la codécision   s'appliquera à l'agriculture.

C'est un rôle crucial. Comment   comptez-vous vous y prendre?

Tout d'abord, j'aimerais préciser   que l'agriculture

représente encore 40%   des ressources économiques de l'UE.

La codécision, si le référendum irlandais   du 2 octobre se déroule bien,

donnera à cette commission   de très grandes responsabilités.

J'en ai tout de suite parlé   avec mes collègues,

car on ne se rend pas compte   de l'ampleur de cet élément.

Peu de gens savent   ce que signifie la codécision.

Le Conseil ne pourra pas   prendre de décision

sans le soutien de la commission   de l'agriculture du Parlement.

C'est un rôle exigeant, et vous vous   retrouvez, en début de mandat,

devant un grand défi,   à savoir la révision du budget.

Comme vous l'avez dit,   l'agriculture absorbe 40% du budget,

les pays nordiques, moins agricoles,   aimeraient diminuer ce budget,

qu'allez-vous faire, dans le cadre   de la réforme de l'agriculture,

afin garder un budget suffisant   pour l'agriculture?

C'est un défi complexe. Lorsque Franz   Fischler a géré la réforme en 2002,

la révision à mi-parcours,   il a réussi à faire bouger les choses,

avec des garanties provenant   d'un accord franco-allemand.

Cette fois, la difficulté consiste   à établir de nouvelles perspectives,

puis de s'atteler   à la réforme de la PAC.

Vous essayez d'avoir   une approche globale.

Oui. On doit pouvoir être en mesure   d'expliquer pourquoi

l'Europe a besoin de la PAC.   - Pourquoi?

La PAC n'est pas seulement nécessaire   aux 10 millions de fermiers de l'UE.

Elle est nécessaire   aux 500 millions de citoyens.

Si on veut que l'agriculture   respecte l'environnement,

si on veut des produits sains, dans   le cadre d'une agriculture durable,

avec des processus qui préservent   les ressources naturelles,

alors il nous faut une politique   agricole commune.

C'est la réforme de 2002   qui a lié les subventions de la PAC

non pas à la production   mais aux méthodes agricoles.

C'est vital. Les fonds sont alloués   si les exigences de l'UE sont respectées.

Le système de la PAC   est néanmoins très critiqué.

Certains disent   que la guerre est loin,

Pour garantir la qualité,   il faut moderniser le secteur.

Il y a un autre aspect. Les producteurs   se plaignent de toucher peu

Prenons l'exemple du lait, qui est   un point important pour les Italiens.

Le lait coûte 20 à 24 centimes par litre,   mais les gens l'achètent 1 à 1,50 euro.

La PAC ne s'occupe plus des prix   depuis 1992.

La différence entre le prix   de production et de consommation

ne dépend pas   des interventions de la PAC.

Il faut que ce soit clair, sinon, comme   le font certains journaux britanniques,

on pense que la PAC   intervient sur les prix.

Ou certains journaux américains.   - Oui, ou américains.

Sachant que les Américains dépensent   77 milliards de dollars en agriculture...

Niveau réforme, on est concurrentiels.   - On y reviendra plus tard.

Mais il n'y a plus de politique des prix.

La politique des financements directs   aide les revenus, mais elle n'est plus,

comme vous l'avez rappelé,   liée à un besoin de produire,

comme quand il fallait   répondre à la demande.

Le financement dépend   des méthodes agricoles utilisées.

On a introduit le découplage afin   de satisfaire les besoins des citoyens.

La politique de l'agriculture est bénéfique   aux agriculteurs et aux citoyens.

Mais y a-t-il un moyen   d'investir dans l'agriculture

afin qu'un litre de lait   ne coûte plus 1 à 1,50 euro

quand il coûte 20 à 24 centimes   au producteur?

On doit expliquer que la PAC   n'a rien à voir avec les prix,

pour ne plus lire   dans la presse anglo-saxonne

que la PAC contribue   à augmenter les prix.

Les prix sont élevés, ou très bas,   moins de 20 centimes par litre de lait,

mais ils ne sont pas liés   à notre intervention.

D'ailleurs, les agriculteurs   aimeraient qu'on augmente les prix.

La politique agricole fournit des fonds   liés aux méthodes de production.

Les fonds sont liés aux méthodes   de l'agriculteur pas à sa production,

Si on veut des produits   qui remplissent les critères de l'UE,

Réduire la chaîne entre producteurs et   consommateurs pourrait réduire les prix?

C'est une idée intéressante,   je suis d'accord.

Mais la PAC ne se préoccupe pas   de faire baisser les prix.

Il faut un équilibre entre les prix   de consommation et de production.

Mais la PAC actuelle   n'a aucune influence sur les prix.

La hausse des prix est liée à la crise.   L'année dernière les prix ont augmenté,

les consommateurs étaient inquiets   du prix du lait, des céréales, des pâtes,

à présent, c'est l'inverse   car les prix baissent.

Mais notre politique n'a pas changé   depuis l'année dernière.

Donc il ne faut pas accuser la PAC   de tous les maux.

Mais serait-il possible   de trouver de nouvelles solutions,

Il faudra voir s'il y a des instruments   qui peuvent être introduits.

Mais ne reportons pas la faute sur la PAC   car elle n'y peut rien.