L'eurodéputé Bas Eickhout (verts/ALE) dénonce le nouveau paquet européen sur l'énergie et le climat et le qualifie d'ombre médiocre de l'ambition audacieuse requise pour lutter contre le changement climatique.

Le manque d'ambition énergétique de l'Europe déçoit

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/16476939/n003-0277-fr.srt

Le commissaire vient d'adopter un nouveau  paquet énergétique, Horizon 2030.

Quels sont les futurs changements pour   l'énergie et le changement climatique ?

En un sens, c'est un pas en arrière  pour les politiques climatiques,

l'Europe est clairement en train  de faire un pas en arrière sur ce point.

Ce que nous remarquons d'abord,  c'est l'objectif climatique pour 2030 :

moins 40%. Nous devons donc réduire les  émissions de gaz à effet de serre de 40%.

C'est ce que vous aviez demandé,  donc, c'est bien ?

Non, nous voulons davantage. Si on  examine l'objectif à plus long terme,

nous devons arriver à 80 ou 95% en 2050.

Donc, nous ne serons qu'à la moitié de ça  en 2030, alors qu'il ne restera que 20 ans.

Donc, ce que l'UE fait, c'est reporter  tous les efforts à après 2030.

Donc, ce n'est pas une proposition  très ambitieuse.

Nous le savions peut-être,  mais c'est quand même décevant.

Pour les énergies renouvelables,  avons-nous des objectifs contraignants ?

Pour le renouvelable,  c'est encore plus décevant.

La Commission propose maintenant  un objectif européen de 27%, ce qui...

Non, c'est toujours la même chose,  nous sommes déjà à 20% en 2020

et nous n'augmentons que peu  pour 2030.

Il n'y a donc aucune ambition  concernant le renouvelable.

Mais ce qui pose plus problème, c'est qu'il  n'y a pas d'objectif au niveau national.

Nous n'avons donc aucune idée de  la manière dont l'UE arrivera à ces 27%.

La proposition de la Commission  est vraiment très vague sur ce point.

C'est un pas en arrière, on dit à la G.-B.  qu'on capitule, qu'on revient en arrière.

Donc, la Grande-Bretagne a gagné  et certainement pas le climat.

Mais pour cela, vous, le parti des verts,  aurez un allié puissant en Allemagne,

parce que ce sont les leaders dans  le domaine du renouvelable en Europe

et ils poussent pour augmenter  cet objectif national.

Y a-t-il encore moyen de discuter  à ce sujet ?

Clairement, si on regarde  le Energiewende en Allemagne,

ils ont aussi besoin que l'Europe  soit ambitieuse sur le renouvelable.

La proposition actuelle ne l'est pas,  donc j'espère que l'Allemagne,

à la réunion de mars,  quand les chefs d'États se réuniront,

j'espère que Mme Merkel se montrera  très critique concernant cette proposition.

Sinon, il est clair que nous échouerons  concernant les énergies renouvelables.

Le troisième objectif  dans le premier paquet énergétique

était l'efficacité énergétique,  quel est l'objectif aujourd'hui ?

Eh bien, il n'y en a pas.  Il n'y a rien au sujet de l'efficacité :

l'option la moins chère, il n'y a rien  sur l'efficacité, cela a disparu.

La Commission dit que cela sera  révisé plus tard

et que nous reviendrons peut-être  sur la question.

Mais abandonner la mesure la plus  efficace, à savoir utiliser moins d'énergie,

montre que les grandes entreprises  ont gagné.

Un autre élément clé du premier paquet  était le système ETS :

le système d'échange de quotas  d'émissions, la bourse du carbone.

Existera-t-il ?  - Oui, l'ETS continuera à exister

et la Commission propose une réforme  structurelle supplémentaire,

à savoir qu'après 2020,  ils feront une sorte de fonds de réserve,

donc, s'il y a un surplus de quotas,  cela ira dans un fonds.

C'est ce dont nous avons besoin ?  - Non.

La proposition est peut-être séduisante,  mais cela ne résout pas le problème.

Nous avons un énorme surplus,  de plus de 2 milliards de quotas,

et tout ce qu'on fait,  c'est créer quelque chose après 2020

et ensuite, s'il y a un surplus,  cela ira dans un fonds,

mais cela peut toujours changer,  donc les marchés auront, depuis le début,

une insécurité à long terme  et ce surplus existera jusqu'en 2030.

Donc, les prix peu élevés du carbone,  combinés à cet objectif sans ambition

concernant la réduction des gaz à effet de  serre, avec ces deux éléments rassemblés,

je prévois que le prix du carbone  restera très bas jusqu'en 2030.

Il y aura maintenant  une discussion européenne interne :

le Conseil européen en mars, puis  toute la législation au PE, au Conseil...

Ensuite, le problème,  c'est la situation mondiale

et les autres partenaires qui proposent  encore moins que ce que propose l'UE.

Au niveau international, on a promis  de prendre des engagements début 2015

en vue de Paris -  si telle sera la proposition de l'UE,

je pense que les USA peuvent dépasser  cela et aller plus loin que l'UE.

Donc, dans ce sens, l'UE perdra vraiment  sa position sur la scène internationale.

Sa position de leader.  - Notre position de leader

a déjà été un peu contestée  par d'autres pays.

Comme la Chine ?  - Oui, la Chine, le Mexique, ces pays-là.

Mais si nous continuons comme ça,  nous nous couvrirons de ridicule.

Ce qui est plus important,  c'est qu'en mars, les chefs d'État

Ceci n'est qu'une proposition de la CE  et M. Barroso a tort sur ce point.

J'implore donc vraiment les chefs d'État  pour le mois de mars :

s'il vous plaît, rédigez un programme  plus solide et plus ambitieux

sinon, sur la scène internationale,  l'UE se couvrira de ridicule.

Bas, merci beaucoup.  - Je vous en prie.