C'est le message que l'eurodéputé portugais Miguel Portas veut faire passer dans son rapport sur la réforme du fonds d'ajustement à la mondialisation.

Interview: L'UE peut aider les victimes de licenciements de masse

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/14925543/n003-0077-fr.srt

Vous êtes eurodéputé portugais,  de la gauche unitaire européenne.

23 millions de personnes  sont au chômage en Europe aujourd'hui.

Pour les aider à retrouver un emploi, il  existe depuis quelques années un fonds

que l'on appelle le fonds  d'ajustement à la mondialisation.

Il est doté de 500 millions d'euros par an.

Vous appelez à une réforme de ce fonds  pour le rendre plus accessible.

Pour commencer, à qui s'adresse  réellement ce fonds?

Le fonds est destiné à une partie  des 25 millions de chômeurs,

à savoir, les victimes  de licenciements de masse.

Ce n'est pas le cas de tous les employés.

Ce fonds est doté de 500 millions d'euros,

mais l'UE n'a jamais dépensé  plus de 10% de cette valeur, par an.

Il est mal ou sous-utilisé  pour deux raisons majeures.

Tout d'abord, il ne fait pas partie  du budget européen.

Le fonds se sert  de fonds budgétaires non utilisés.

Et chaque décision nécessite  un processus décisionnel très compliqué.

Un exemple. Kimonda, le premier  exportateur du Portugal,

a procédé à des licenciements de masse  en juin 2009.

Le gouvernement portugais a déposé  un dossier de candidature en décembre.

La Commission a approuvé le soutien  des chômeurs en septembre.

Le Parlement ne rendra  sa décision qu'en octobre,

et ce n'est qu'en décembre,  18 mois plus tard,

que les chômeurs  toucheront de l'argent.

Donc de nombreux travailleurs  ne bénéficieront pas de ce fonds.

Mais ce fonds a déjà  été réformé en 2009,

et il était déjà question de réduire  les délais, de faciliter les procédures,

de les rendre plus compréhensibles pour  les États, les entreprises et les salariés.

La mise en œuvre du fonds  s'est améliorée

mais il n'est toujours pas  appliqué correctement.

Comme je l'ai dit, il soutient de plus en  plus de travailleurs dans plusieurs États,

Les 5 analystes qui, à la Commission,  examinent les candidatures,

examinent un dossier par semaine,  alors qu'avant c'était un par mois.

Ce sont les mêmes personnes.  La procédure peut être simplifiée.

Les gouvernements qui appliquent le plus  ce fonds doivent déclarer haut et fort:

"On n'est pas là que pour sauver  le système financier avec des taxes,

on est là pour prouver que l'UE peut aider  les victimes de licenciements de masse.

C'est l'approche politique  qu'il faudrait adopter.

Concrètement, que réclamez-vous  à la Commission européenne?

Je demande, dans le rapport,  au-delà de changements à court terme

dans le processus décisionnel concernant  les licenciements de masse,

que ce fonds devienne permanent  à partir de 2013.

Il y aura d'autres licenciements de masse  après la relance économique.

L'UE doit avoir un fonds  de cohésion territoriale,

mais aussi un fonds de cohésion sociale,

visant à encourager  la réinsertion professionnelle.

Ce fonds est mieux  que le fonds social européen.

Il a de meilleures conditions de soutien.

Le but n'est pas de soutenir la société  avant qu'elle ne fasse faillite,

son but est de soutenir les personnes  qui ont perdu leur emploi.

La solution,  comme la formation professionnelle,

n'est peut-être pas de devenir  un meilleur électricien,

C'est pour ça que ce fonds a été créé,  pour être plus efficace.

Mais aujourd'hui, pensez-vous que  les États membres vont vous entendre?

et seuls les libéraux  et les conservateurs sont contre,

car certains gouvernements de pays  influents veulent se défaire de ce fonds.

On discute aujourd'hui  du prolongement d'un fonds

alors que des gouvernements  à travers l'Europe

diminuent les aides sociales à cause des  programmes de stabilité et d'austérité.

Ce rapport va à l'encontre  de la tendance actuelle,

mais il est important  qu'il soit soutenu,

pour continuer le débat  avec les gouvernements

On suivra sur EuroparlTV  la suite de ce débat.