Comment sauver la Grèce ? Deux députés présentent des interprétations opposées de la situation et les solutions qu'ils préconisent.

Réactions au discours de Tsipras au Parlement

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/18743453/n003-0362-frx.srt

Applaudi par les uns,   hué par les autres :

les députés attendaient beaucoup du  discours d'Alexis Tsipras, peut-être trop.

Il ne reste que quelques jours à la Grèce  pour présenter son plan de réforme

dans une ambiance électrique.  Quel sort l'avenir réserve-t-il à la Grèce ?

Que penser des différentes  interprétations de cette crise ?

Questions au député français Yannick Jadot  et à son collègue allemand Herbert Reul.

Il y a eu clairement une hystérie,  structurée par la droite de ce Parlement,

qui est hélas à l'image de l'hystérie  trouvée dans certains pays d'Europe

et qui nous empêche de sortir   de cette crise par le haut.

On a une mise en scène de haine, de  conflits personnels et de nationalisme

qui sont très loin du projet européen.

Ce sont ces attitudes qui aboutiront à  l'expulsion de la Grèce de la zone euro.

sans que personne   ne puisse imaginer les conséquences

pour la Grèce, dramatiques sur le plan  social, et pour l'Europe toute entière.

L'extrême gauche et l'extrême droite  étaient hystériques.

Ils l'ont acclamé.  Qui a besoin de tels amis ?

Je le vois aujourd'hui pour la 1ère fois,   à présent je sais que c'est sa faute.

Quand quelqu'un paraît si arrogant,  égocentrique et buté,

et blâme systématiquement les autres,   que dire ?

Je ne suis pas surpris   que ça n'ait débouché sur rien.

Il est venu sans proposition et   s'est contenté de blâmer les autres.

Les sommets se suivent et se ressemblent,

mais toujours pas de plan concret en vue.  Quelle est votre analyse ?

Bien sûr qu'Alexis Tsipras   doit donner quelque chose.

En partie parce que son "non" a été mal  ressenti par certains dirigeants européens.

Mais les autres dirigeants doivent être   à la hauteur de l'histoire européenne.

Tout le monde sait   que la dette doit être restructurée.

C'est une promesse des créanciers  d'il y a trois ans.

C'est très simple.  Il faut qu'il agisse plutôt qu'il réagisse.

Il a déjà agi en appelant un référendum.

Ils ont voté   contre la proposition existante.

S'il fait une autre demande,  il faut qu'elle soit pertinente

on doit produire des documents  sur les moyens de supporter cette charge.

Je suis impatient   de voir ce qui va se passer.

Les pays comme le Portugal,   l'Irlande ou l'Espagne

font d'énormes efforts   pour réduire leur déficit,

et n'accepteraient pas que la Grèce  reçoive un traitement de faveur.

Les faits sont plutôt simples.   Certains États ont avancé,

exercé une pression sur les citoyens,  et ont réussi.

L'État grec actuel prétend   ne pas avoir à le faire.

On n'a pas besoin de privilège.  La solidarité, ce n'est pas l'égoïsme.

On ne peut se contenter de prendre,   il faut aussi donner et être responsable.

Les Grecs ont fait des efforts.  25% de baisse du PIB,

20-30% de baisse   des salaires, des retraites.

Quelle est cette logique d'austérité ?  C'est une logique morale

qui n'a plus rien à voir   avec le bon sens économique.

Quand l'économie grecque   se sera totalement effondrée,

comment imaginer   qu'ils rembourseront leur dette ?

Tout le monde critique aujourd'hui   ce cadre de l'austérité.

Un Grexit représenterait-il la fin  de la zone euro, voire de l'Europe ?

Si la Grèce sort de l'euro,   c'est la fin de la construction de l'euro

par addition,   par complémentarité et solidarité.

Il faut changer le cadre  de gouvernance de la Grèce.

On ne peut pas avoir une monnaie,  19 fiscalités,

19 systèmes sociaux,   19 politiques économiques différentes.

Si le grand projet européen   dépendait de ce genre de fous,

L'Europe est trop importante   pour dépendre de quelques fous.

On ne peut prendre comme repère l'idéologie  et la personnalité de ce monsieur.

Il interprète la démocratie et la dignité  uniquement de son propre point de vue.

Il n'y a pas que sa démocratie,   son concept politique,

son gouvernement et son peuple.  D'autres existent en Europe.

La Grèce n'a plus que quelques jours  pour présenter son plan de réforme.

Comment imaginez-vous   le dénouement de la crise ?

Il m'arrive d'être pessimiste, en voyant   la mise en scène des intérêts nationaux,

de l'hystérie, de l'irrationalité   dans ces négociations.

D'autres fois, je me dis   que ce n'est pas possible

que les dirigeants européens aient  une vision si étriquée de l'Europe,

qu'ils ne se posent pas la question de  leur place dans l'histoire de l'Europe.

Il faut qu'ils deviennent enfin   des dirigeants européens.

L'histoire les regarde.  Les citoyens européens les regardent.

car les règles s'appliquent à tous,  et tout ira bien,

nous progresserons   et dépasserons cette crise.

Soit nous n'y parvenons pas, parce que  les Grecs n'accompliront pas leur devoir.

En conséquence,   la zone euro perdrait un membre.

Le reste de l'Europe   sortira renforcé par la crise,

car ils auront adopté une position commune

qui correspond à leurs croyances communes.