As EP's LUX Film Prize celebrates its 10 years, British director Ken Loach talks about cinema as a model for cooperation in Europe and the impact of Brexit.

﻿Ken Loach nous parle du cinéma européen et du Brexit

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11523249/N003-0419-FR.srt

Ken Loach, bonjour. Je commence  par vous citer : "Je suis pro-UE,

mais cela ne nous rend  aucun service pour l'instant."

J'aurais dû dire : 'Je suis pro-unité  et coopération européennes."

Je ne suis pas en faveur de l'UE  telle qu'elle est établie actuellement.

Parce qu'elle poursuit une idéologie  économique destructrice, selon moi.

Beaucoup ont dit  qu'elle était destructrice.

Mais en termes  de coopération entre les gens

pour créer une Europe différente,  oui, bien sûr.

Mais vous avez dit voir ça  comme un projet néolibéral.

Alors que faudrait-il changer, selon vous ?

Il faudrait réécrire  les traités et la constitution.

Il faudrait arrêter de privilégier  le marché libre

et les intérêts  des grandes entreprises

pour privilégier d'abord  les intérêts des gens.

Et les intérêts des citoyens,  c'est un emploi stable, un salaire décent,

un environnement sûr en termes  d'écologie et de changement climatique.

Et aussi un respect pour chacun,  la dignité de chaque individu.

Avez-vous l'impression que les Européens  sont en mesure de dire non à ce qui arrive ?

Les Européens peuvent tout faire.  On peut agir,

on peut choisir de s'organiser  comme on le souhaite.

Ce qui est arrivé  avec l'idée de l'Union européenne,

c'est qu'elle est prise dans une idéologie,  l'idéologie néolibérale, de dérégulation,

d'ouvrir tout à la concurrence  des grandes entreprises.

Cette ville où nous sommes,  Bruxelles, est le paradis des lobbyistes.

Comme on chasse les marchands du temple.

Et trouver un moyen d'être ensemble,  ce qui pour moi signifie s'organiser.

Cela signifie posséder ensemble  les grandes entreprises.

Ça signifie  un contrôle démocratique.

Si l'on pense à votre dernier film,  sur Daniel Blake,

ce qui lui arrive est inacceptable.  Mais cela arrive.

Et ça n'arrive pas qu'au Royaume-Uni,  ça arrive partout.

Comment voyez-vous la vie  en Europe aujourd'hui ?

Il y a de nombreux Daniel Blake partout.

Comme vous le dites, l'histoire du film  que vous citez, que je viens de réaliser,

parle de personnes coincées  par la bureaucratie de l'État.

On leur fait croire que c'est de leur faute  s'ils sont pauvres.

S'ils n'ont pas d'endroit où vivre,  c'est parce qu'ils sont inadaptés.

S'ils n'ont pas d'emploi, c'est  qu'ils n'ont pas bien rempli leur CV,

ou parce qu'ils ne sont pas allés  au bon rendez-vous.

Alors qu'en fait, il n'y a pas d'emplois.

Le projet néolibéral a échoué  à procurer une vie digne,

mais il massivement réussi  à récompenser ceux qui en profitent.

Le luxe grotesque coexiste  avec la pauvreté.

La manière dont le cinéma collabore  aujourd'hui en Europe

semble être une façon dont l'Europe  pourrait fonctionner à un certain niveau.

C'est votre impression ?  Et qu'est-ce qui changera après le Brexit ?

L'industrie du cinéma est-elle  un modèle du moyen de bien vivre ?

Je parle en fonction de l'organe européen  conçu pour encourager le cinéma européen.

C'est bien,  mais ça ne va pas assez loin.

Les films européens existent en marge,  souvent, des importations hollywoodiennes.

Mais pourrez-vous réaliser vos films  comme avant, après le Brexit ?

Oui. Quitter l'Europe sera mauvais  pour l'industrie du cinéma britannique,

De mon point de vue,  il y a deux grands projets européens,

Eurimages, qui finance la production,  pour la réalisation.

Un gouvernement conservateur  nous a éjectés de cela il y a 20 ans.

Il y a le fonds MEDIA, qui aide à développer  des scénarios et aussi à la réalisation.

C'est bien comme ça.  Il faut garder cela.

À nouveau, les gens dans ma position  veulent qu'on paie pour rester dedans.

L'autre élément,  ce sont les traités de co-production.

Maintenant ils existent  indépendamment de l'UE,

car ce sont des accords  bilatéraux, trilatéraux.

On pourrait donc co-produire un film  avec une entreprise belge, par exemple,

mais l'entreprise belge voudrait avoir  le soutien de son gouvernement,

mais pour l'obtenir, on devrait  avoir recours à des services belges

et avoir des travailleurs belges  pour le film. On fait cela maintenant.

Si, quand on quittera l'UE, ces travailleurs  ne peuvent pas venir en G.-B.,

sans un important  exercice démocratique,

le réalisateur belge  ne voudra pas d'une co-production.

Donc, indirectement,  cela affectera beaucoup les co-productions.

Merci beaucoup pour cette interview.  - Merci.

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Ken Loach nous parle du cinéma européen et du Brexit