Renforcer Europol permettrait-il de prévenir des attentats terroristes et de couper les cyberdjihadistes dans leur élan ? Les réponses de Rob Wainwright.4019ED59-7323-4774-8CD2-A479009A38EA

Contreterrorisme : quel rôle pour Europol ?

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/12013574/n003-0347-fr.srt

Une audition pour combattre  le terrorisme.

La situation en matière de sécurité dans  l'UE a fort changé ces dernières années.

Rien qu'au premier trimestre 2015,  154 personnes ont été arrêtées.

Je n'approuverai jamais une interdiction  de cryptage à l'échelle européenne.

Comment les États se coordonnent  pour répondre aux cyberattaques ?

Alors que la menace du terrorisme  plane sur l'Europe,

EuroparlTV a rencontré Rob Wainwright,  directeur d'Europol -

le combattant de l'UE pour lutter  contre les crimes graves et le terrorisme.

M. Wainwright, merci d'être  avec nous sur EuroparlTV.

Pourriez-vous nous parler  du rôle d'Europol ?

Europol n'a pas été conçu  pour combattre le terrorisme,

mais votre mandat a changé au fil des ans.

Dans quelle mesure est-ce un outil  efficace contre le terrorisme ?

Depuis plus de dix ans,  et même avant le 11/9, d'ailleurs,

nous avions pour mandat  le contreterrorisme aussi.

Et cela s'est développé ces dix dernières  années, et cette année aussi

suite aux terribles attentats de Paris  et dans d'autres villes d'Europe.

Europol est donc là pour aider la police  à identifier des criminels et terroristes

et à coordonner les opérations pour éviter  des attentats tels que ceux de cette année.

Dans quelle mesure avez-vous accès  aux informations des États ?

C'est plus au niveau opérationnel  qu'administratif,

car nous échangeons des renseignements  sur des affaires en cours

afin d'identifier des suspects et d'aider  à coordonner certaines opérations.

Après les attentats de Paris,  par exemple,

nous avons partagé avec les autorités  françaises des pistes intéressantes,

notamment au sujet du financement  de ces attentats

Mais Europol n'est pas une force de police,  ce n'est pas un FBI,

nous n'arrêtons pas les gens,  nous n'avons pas ce pouvoir.

Nous fournissons un soutien opérationnel,  en matière de renseignement,

et nous nous concentrons sur cet aspect  pour lutter contre le terrorisme.

D'aucuns disent que, suite aux attentats  de Paris, votre rôle pourrait encore évoluer.

Lors de la réunion au PE,  vous avez mentionné

qu'Europol met en place une cellule  antiterroriste pour aider les États.

Comment votre rôle pourrait-il évoluer ?

Il faut que les organisations internationales,  comme Europol,

et nous concentrons  les efforts d'Europol sur cela,

pour pouvoir surveiller le financement du  terrorisme et les flux d'armes illégales,

et surtout les services de renseignement

concernant les gens qui voyagent  de et vers la Syrie et l'Irak.

Certains députés vous ont reproché  de brouiller les cartes

entre une compétence nationale  et ce qui devrait être le rôle d'Europol.

Notre objectif est de fournir  un soutien maximal,

en restant dans le cadre  de notre mandat légal, bien entendu.

Et la montée des cyberdjihadistes ?  Ils se sont emparés de TV5Monde.

Cela m'étonne qu'il n'y ait pas eu encore  d'attaques plus importantes en ligne,

parce que l'éventail des attaques,  les capacités criminelles

qui se sont développées sur Internet  ces deux dernières années,

qu'utilisent les groupes criminels organisés,

sont franchement hors de portée, dans le  sens qu'il est difficile pour nous d'empêcher

que cela nuise réellement à nos économies  et à la sécurité des gens.

Les groupes terroristes,  dont l'État islamique, progressent.

Elles sont assez rudimentaires, en fait.

Il y a encore beaucoup à faire,  mais nous sommes à un stade

où l'on se préoccupe beaucoup de la  possibilité d'une attaque cyberterroriste.

On sait que les agences ne peuvent pas  suivre chaque terroriste suspect ou connu.

Mais comment éviter  qu'ils ne passent entre les mailles ?

Nous avons entendu  après les attentats de Paris

que les autorités françaises savaient qu'un  des frères Kouachi avait voyagé au Yémen.

C'est très difficile. Il y a une vaste  communauté de terroristes potentiels,

de personnes qui peuvent être allées  ou non en Syrie et en Irak,

pour Paris, le gouvernement français,  sur base des renseignements qu'ils avaient,

avait dépriorisé ce cas, car ils n'avaient  pas fait parler d'eux depuis près de 10 ans.

Cela montre aussi les limites  des services de police et de sécurité

dans la manière de déployer  leurs ressources.

On ne peut pas surveiller des milliers  de personnes en même temps.

Et peut-être même qu'on ne le souhaite pas  dans nos démocraties libérales.

Il s'agit donc avant tout d'utiliser  au mieux nos renseignements

pour donner la priorité  aux cas les plus importants.

Et cela implique un partage transfrontalier  efficace de nos renseignements.

Mais pourquoi Europol, et pas Interpol ?

Parce que nous avons un meilleur dispositif  législatif, une meilleure expertise

et protection des données, et des contrôles  de sécurité des données ici dans l'UE.

M. Wainwright, merci pour cette interview.  - Tout le plaisir était pour moi.