L'avocate des droits de l'homme Nasrin Sotoudeh et le réalisateur Jafar Panahi, Iraniens, ont remporté le prix du Parlement pour la liberté de pensée 2012. Voici leur histoire.

Proche de vous : Les lauréats du prix Sakharov 2012

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/16160899/m005-0029-fr.srt

12 juin 2009. Mahmoud Ahmadinejad  est reconduit pour quatre ans

à la présidence  de la République islamique d'Iran.

À cette nouvelle,  manifestations et marches se succèdent

pour dénoncer une élection manifestement  frauduleuse. La répression est sanglante.

Et les arrestations arbitraires dans tous  les milieux de la société se multiplient.

Nasrin Sotoudeh,  l'avocate des droits de l'homme,

et le réalisateur Jafar Panahi  sont arrêtés et condamnés.

C'est à eux que le PE  rend hommage cette année

en leur attribuant le prix Sakharov  pour la liberté de pensée.

Je pense que l'Iran est un pays dans lequel  il se passe des choses sur les terrains

des droits de l'homme, de la peine de mort,  d'une série de violations régulières.

Ce pays se trouve géographiquement à un  endroit stratégique par rapport à la Syrie.

Et le régime iranien est dans une prise  de position vis-à-vis de la Syrie

qui est totalement contraire  à celle de l'Union européenne.

que Karim Lahidji défend depuis 30 ans  les droits de l'homme en Iran.

Mon parcours est identique  à celui de Nasrin Sotoudeh.

Avocat, avocat des prisonniers politiques.

J'ai appris en 1981 qu'un mandat d'arrêt  a été décerné contre moi.

Et j'ai été obligé de quitter  clandestinement le pays via la Turquie.

Je suis arrivé en France en avril 1982.

C'est dans ce contexte que Nasrin,  comme avocate des prisonniers politiques,

a été arrêtée, elle a été condamnée  à six ans de prison

avec privation  d'exercer sa profession d'avocate.

de temps en temps, par exemple,  ils coupent les visites hebdomadaires.

Ils font des pressions  aussi sur sa famille.

En juillet dernier,  son mari et sa fille de 12 ans,

Avec ce genre de pressions,  même symboliques,

en fait, ils veulent briser   la volonté et la résistance de Nasrin.

Et contre cette politique  répressive secondaire,

elle a commencé  sa quatrième grève de la faim.

Avocate iranienne en exil  et prix Nobel de la paix en 2003,

Shirin Ebadi confirme :  son état de santé est des plus alarmants.

Nasrin Sotoudeh est en grève de la faim  depuis plus de 40 jours.

Sa situation est très critique  et nous sommes très inquiets pour sa vie.

Ce n'est pas tout. La répression du régime  s'exerce même dans les milieux artistiques.

Après avoir été interdit de se rendre  au Festival de Cannes en 2010,

Jafar Panahi,  réalisateur internationalement reconnu,

est condamné à 6 ans de prison et 20 ans  d'interdiction d'exercer son métier.

L'Iran ne lui pardonne pas d'avoir participé  aux manifestations post-électorales.

Son cinéma libre fait peur et pourtant...

Jafar Panahi n'est pas  un cinéaste politique.

C'est un cinéaste... Comment dire ?  Qui a un regard moral,

qui a une éthique dans son regard,  dans son appréhension

de la réalité chez lui.  Il est profondément iranien.

Ce n'est pas du tout  un cinéaste qui veut désigner, attaquer.

C'est quelqu'un qui a  une capacité métaphorique très forte.

Désormais en résidence surveillée,  Panahi, bravant les interdictions,

livre sur une clef USB,  sortie clandestinement d'Iran,

un nouveau film qu'il a appelé :  "Ceci n'est pas un film".

Et le Festival de Cannes a décidé de  le montrer officiellement en 2011 à Cannes

et cela a été effectivement  un message très fort.

C'est en même temps  un auto-portrait d'un cinéaste

contraint, contrarié, empêché, censuré,...

C'est l'histoire d'un réalisateur  réduit à lire ses scripts

et imaginer les lieux  de tournage dans son salon.

Un film, ce n'est jamais  ce qu'on raconte mais ce qu'on réalise.

Dernièrement, la délégation du Parlement  européen pour les relations UE-Iran

qui devait se rendre à Téhéran  a annulé sa visite :

en cause, le refus des autorités iraniennes

de pouvoir rencontrer  Nasrin Sotoudeh et Jafar Panahi.

Cependant, ce n'est pas pour autant que le  travail de la délégation doit être suspendu.

Il ne s'agit pas seulement d'aller en Iran  pour améliorer les droits de l'homme.

Bien qu'ils n'aient pas eu  l'autorisation d'y aller,

ils peuvent régulièrement donner leur  rapport à ce sujet au Parlement européen

et faire des recommandations  sur ce qu'il faut faire

pour améliorer  les droits dans le régime iranien.

Cet avis est d'ailleurs partagé  par Isabelle Durant.

Je pense que la diplomatie parlementaire,  via des délégations UE-Iran par exemple,

ou même dans d'autres  régions du monde sensibles,

c'est un instrument  qu'on n'utilise pas assez.

C'est là que, justement, cela a  une valeur ajoutée supplémentaire,

pour peu que cette délégation envisage bien  qu'elle a une double mission :

les autorités et les opposants, la société  civile, les défenseurs des droits de l'homme.