L'initiative citoyenne serait-elle la première étape vers une démocratie participative à la mode suisse dans l'Union européenne ? Reportage depuis Zurich.

Reporter : Démocratie directe à la Suisse

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/15415269/M003-0112-FR.srt

La démocratie directe est un principe  inscrit dans la Constitution suisse.

L'initiative citoyenne européenne  pourra-t-elle un jour aller aussi loin ?

Que peut apprendre l'UE  de cette tradition ?

EuroparlTV analyse la situation  dans ce reportage depuis Zurich.

Nous appelons à un moratoire sur  les négociations d'adhésion avec l'UE.

En Suisse, la démocratie directe  a une longue tradition.

Hans-Peter Portmann, banquier  et député du canton de Zurich,

récolte des signatures depuis décembre.

Il faut 100.000 signatures  pour lancer une votation.

Impossible d'enlever aux citoyens  ce principe de consultation populaire.

On doit pouvoir exprimer nos opinons  ou, au moins, faire des suggestions.

Il faut débattre de ces choses  et les soumettre à un vote public.

Depuis 1991, pas moins de 180 thèmes  ont été soumis à une votation.

Il faut être persévérant, les sujets  ne font pas toujours l'unanimité.

Alors il y a donc aussi des refus ?  - Bien sûr. Cela va sans le dire.

Tout le monde ne partage pas  la même opinion.

Les référendums transfèrent le pouvoir  de décision aux citoyens

et peuvent altérer l'équilibre  du pouvoir politique.

Pour nous, c'est le bon système.  - Mais le système a ses limites.

Les initiatives contre les minarets  et pour renvoyer les criminels étrangers

dans leur pays d'origine  ont fait beaucoup de bruit.

L'image de la Suisse à l'étranger  en a fortement souffert.

Depuis 20 ans, Andreas Gross est un  spécialiste des initiatives citoyennes.

Les votations contestées de 2010 ne  doivent pas remettre en cause le système

mais il faudra revoir  certains fondamentaux.

La constitution suisse ne définit pas  correctement

la corrélation entre droits de l'homme  et démocratie directe.

Nous prenons conscience  qu'il faut améliorer cela.

La majorité ne peut pas décider  des droits fondamentaux des minorités.

Le modèle suisse est-il  un exemple pour l'UE ?

La culture du débat à la suisse  a un avantage :

les citoyens sont obligés de  s'intéresser aux questions politiques.

L'initiative citoyenne européenne  est encore bien loin du modèle suisse.

les Européens peuvent à peine proposer  que la Commission aborde un sujet.

Pour le député hongrois  György Schöpflin, c'est un début.

C'est une tâche éducative  car la plupart des Européens

ignorent comment fonctionne  réellement l'UE.

Les Européens ont en tout cas appris  une chose des Suisses :

la grande difficulté d'adopter  le système suisse.

Le système suisse s'est développé  sur des bases suisses

et dans un contexte historique  très complexe.

Il est très difficile d'adapter cela  à d'autres traditions nationales de l'UE

car les États sont gouvernés  par un système du haut vers le bas

et la participation des citoyens  ne se crée qu'au fil des années.

À Zurich, cependant, la pratique montre  que le référendum au niveau de l'UE

pourrait bien relancer  la dynamique européenne.

L'UE possède un énorme pouvoir  politique mais très peu de légitimité.

Elle est trop éloignée de ses citoyens.

L'UE manque précisément de ce que  la démocratie directe peut lui offrir :

moins de distance, plus de transparence  et un sentiment d'identité.

La récolte de signatures, elle, continue  sur Internet et dans les journaux.

Il a jusqu'au 23 mai 2012 pour récolter  les 100.000 signatures nécessaires.