La police italienne en collaboration avec les autorités européennes de lutte antifraude ont mis au jour une immense fraude aux oranges en Calabre pour un montant de 50 millions d’euros.

Reporter: Une fraude aux oranges très juteuse en Italie

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/15282184/m003-0097-fr.srt

Une loi européenne anti-corruption  et anti-mafia.

Telle est la demande des eurodéputés  pour limiter la fraude contre l'UE.

Nous sommes allés en Calabre pour  enquêter sur la production d'oranges.

Des plages comme celle-ci sont  officiellement des plantations d'agrumes,

des fausses factures ont été utilisées  pour obtenir des fonds européens.

Les autorités ont découvert une fraude  d'un montant de 50 millions d'euros.

Les carabiniers en charge  de l'alimentation et de l'agriculture

effectuent des contrôles sur les collines  près de Rosarno, au sud de la Calabre.

C'est l'origine d'une longue investigation  qui implique des centaines de personnes.

Deux documents contradictoires  sont à l'origine de l'enquête.

Les autorités régionales calabraises ont  fait état d'une maigre récolte de pêches

et ont ensuite demandé des fonds de l'UE  pour écouler un excédant de pêches.

Les carabiniers ont installé  un camp ici, près de Ciuciola,

pour contrôler le passage des camions  vers ce centre de traitement des déchets.

Tous les producteurs ont dû donner  les numéros des plaques

des véhicules utilisés. Dans notre  base de données, nous avons découvert

que des numéros de plaques  appartenaient à des petites voitures

qui ne conviennent pas  au transport de marchandises.

Près de 50 carabiniers ont tous  surveillé la zone entre 2003 et 2007.

Des contrôles ont été effectués dans  toute la région sur différentes cultures

et une énorme fraude  de 50 millions d'euros a été dévoilée.

La production de 'fausses' oranges, la  fabrication et la vente de jus 'contrefait'.

Cette fraude organisée  avait son propre système.

Producteurs et hommes d'affaires  étaient impliqués

dans les régions de Rosarno  et Taurianova.

Une organisation nationale savait  comment obtenir de l'argent de l'Europe.

La plupart des producteurs  des organismes investigués

déclaraient  des terres agricoles énormes,

des centaines d'hectares,  qui n'existaient souvent que sur papier

car soit ils n'étaient pas propriétaires des  terrains, soit les terrains n'existaient pas.

Même des plages comme celle-ci  avaient été déclarées comme orangeraies

pour prétendre à plus de fonds européens  vu la production accrue.

A cette époque, les subventions de l'UE  étaient distribuées

selon la zone de terres cultivées  et la quantité produite.

Même les producteurs de jus concentré  ont demandé plus d'argent à l'UE.

Des camions remplis d'oranges  à destination des usines de jus

Sur papier, les usines locales affirmaient  vendre des énormes quantités de jus

à des sociétés espagnoles et françaises.

L'OLAF, l'Office européen  de lutte anti-fraude, est intervenu.

Francesco Albore a travaillé  sur cette enquête

et était le lien entre les carabiniers  à Rome et l'OLAF à Bruxelles.

là où une énorme quantité de jus  d'orange est censée arriver,

dans la ville d'Oviedo,  on a construit un bloc d'appartements.

Dès que l'OLAF a vérifié l'absence  de livraison de fruits à l'étranger,

les carabiniers ont pu,  de concert avec les autorités judiciaires,

prouver qu'un crime organisé  était en place.

Un exemple similaire  a duré plusieurs années

grâce à la connivence entre les pouvoirs  publics et les bureaux régionaux

qui ont accepté  de feindre une production

en signant des certificats  pour trois endroits en même temps.

Le bureau régional a délégué les  contrôles à des entités indépendantes.

Ce responsable d'équipe a supervisé  les procédures en 2005,

au plus haut  de ce scandale à la fraude.

Il a congédié des fonctionnaires  suspectés de corruption.

Dès qu'ils ont été avertis  qu'ils étaient soumis à l'enquête,

ils ont été transférés  vers un autre bureau.

Le procureur général, Giuseppe Creazzo,  nous montre la pile de preuves.

Ce sera un procès d'envergure,  avec 380 personnes,

environ 100 sociétés et 20 fonctionnaires  publics appelés à la barre,

Les liens avec la mafia  ne sont pas avérés

mais d'autres enquêtes pourraient suivre.

Il est évident que dans  une zone comme la nôtre

où les affaires tournent  et où l'argent circule,

les intérêts de la mafia  sont importants.

qu'avec un système de fraude  de cette ampleur,

il pourrait y avoir des liens économiques  avec les gangs mafieux.

La corruption n'est pas seulement le  problème des régions peu développées,

avec une présence forte  du crime organisé.

Des eurodéputés demandent une  stratégie anti-corruption et anti-mafia.

L'un d'eux est un ancien juge  qui connait bien la situation en Calabre.

Quelles priorités?  - Elles sont diverses.

D'abord, il faut reconnaitre  officiellement en Europe

C'est reconnu comme un crime en Italie  mais les mafias sont transnationales

et s'étendent au-delà de l'UE,  il faut donc une loi commune.

Vu le grand nombre d'accusés,  le procès promet d'être long.

Dans l'attente du verdict, les autorités  italiennes ont ordonné la confiscation

de marchandises  d'une valeur de 14 millions d'euros

pour refinancer en partie  les fonds européens.