La République démocratique du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Le ministre de l'environnement, José Endundo Bononge, demande à l'Europe de prendre en compte les destins liés de l'Europe et de l'Afrique. La question du changem

L'Interview: L'Europe ne peut pas oublier l'Afrique - José Endundo Bononge

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/15167094/N003-0028-FR.srt

Quelles sont vos attentes  de ce sommet pour l'Afrique?

Aujourd'hui, l'Afrique,  et la République du Congo en particulier,

qui contient la moitié de la forêt africaine,  la moitié d'eau douce de l'Afrique,

environ 280 000 kilomètres carrés  d'aires protégées...

L'Afrique apporte aussi pour la mère  planète de quoi résoudre les problèmes.

Nous ne sommes pas dans une vision  culpabilisante pour ceux qui ont pollué,

mais pour une vision constructive:  comment arrêter le dérapage du climat?

Par rapport au changement climatique,  on parle de déforestation.

Vous l'avez dit, le Congo possède  une richesse naturelle dans les forêts.

Est-ce que limiter la déforestation,  la coupe du bois,

ce n'est pas limiter le développement  économique de votre pays?

Le président de la République  l'a dit dans son discours à la nation.

Le Congo accepte qu'en contrepartie  de cet apport de financement,

la forêt puisse servir à jouer  le rôle de régulation au niveau du climat.

Pensez-vous que les grandes  puissances économiques,

soient prêtes à mettre la main  au portefeuille? Qui va payer?

Aujourd'hui, la question  ne peut pas se poser de cette façon.

On sait où va la planète si nous  ne prenons pas de façon urgente...

On aurait déjà dû le faire hier.  Si on peut le faire aujourd'hui, tant mieux.

On doit prendre des mesures  de correction de ce qu'il se passe.

Tous les paramètres qui ont été prévus,

1,5 millimètre de hausse  du niveau de la mer,

sont dépassés. Aujourd'hui,  on est à 4 ou 5 millimètres.

Depuis un siècle, le niveau de la mer  est monté de plus de 20 centimètres.

On prévoyait 250 gigatonnes  de glace fondue,

on est à 500 gigatonnes.  500 milliards de tonnes de glace fondue.

Si nous ne prenons pas les mesures,  nous ne pourrons pas arrêter ça.

Plus on tardera,  et plus les coûts seront difficiles.

nous ne pouvons pas laisser  à nos enfants une planète pourrie,

une planète qui ne leur permettra pas  de vivre comme nous vivons aujourd'hui.

Comment faire  pour atténuer ce changement?

Comment faire pour que des pays  fragiles, les pays insulaires, l'Afrique -

je parlais de l'Afrique tout à l'heure -

leur permettant de vivre  et d'envisager l'avenir

de la même manière qu'on peut  l'envisager en occident?

Regardez. Aujourd'hui, un Américain  consomme 8 tonnes équivalent pétrole.

Un Européen 2 tonnes, un Chinois  1 tonne équivalent pétrole,

Donc une partie du monde  est en train d'épuiser les ressources,

et une autre partie est confrontée  à son développement.

La faute à qui? À nous tous.  Aujourd'hui, c'est tous ensemble.

On ne peut pas avoir aujourd'hui  une vision

ou parcellaire, ou nationale  ou même continentale.

Aujourd'hui, on doit voir  que la gestion de l'environnement

change la donne  de la gouvernance mondiale.

Que pouvez-vous souhaiter pour l'Afrique,  de ce sommet?

Que l'Afrique apporte son concours  à l'amélioration de la situation.

Je souhaite aussi que l'Afrique puisse  participer à ce développement.

L'Afrique ne peut pas être la 5e roue,  elle doit se développer.

Elle a les ressources,  les hommes et une population qui...

Demain, il y aura 2 milliards d'Africains,

Donc nous allons vers une situation  où l'Afrique doit avoir sa place.

la profondeur stratégique de l'Europe,  les migrations, cela vient de l'Afrique.

La donne environnementale pose une  question d'intelligence et de bon sens.

L'Europe ne peut pas  oublier qu'il y a l'Afrique,

L'Europe ne peut pas contourner  ni éluder cette donne. Il faut l'affronter.

Il faut donner à l'Afrique  la possibilité de se développer.

Et il faut éviter les questions qui peuvent  servir d'alibi: gouvernance, etc.

Aujourd'hui, le problème est là, il faut  l'affronter et le résoudre tous ensemble.