Les eurodéputés se prononcent sur les conséquences des actes de torture de la CIA et sur l'implication de certains États membres de l'UE. Mais pour certains, tout n'est pas noir ou blanc.

Rapport sur la torture des États-Unis : les prochaines étapes pour l'Europe

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11965789/n003-0337-fr.srt

Les députés voteront ce mercredi  sur leur réponse

à un rapport de l'ancienne sénateur  démocrate américaine Dianne Feinstein

sur le recours de la CIA à des techniques  de torture après les attentats du 11/9.

De graves problèmes  liés aux droits fondamentaux,

ainsi que la complicité  de certains États membres

dans la restitution de suspects  de terrorisme ont été mis au jour.

Pour en discuter, nous avons réuni  le Britannique M. Tannock,

du groupe des conservateurs  et réformistes européens,

et la Française Eva Joly,  eurodéputée du groupe des verts.

Quel est, pour vous,  le pire aspect de ce rapport ?

Le pire est de voir les méthodes terribles  d'interrogatoire qui ont été utilisées,

Et Mme Feinstein admet  que la torture a été utilisée

et elle dit quelque chose  qu'il est important d'entendre :

Ils n'ont pas eu d'informations valables

qu'ils n'auraient pas pu obtenir  autrement.

Le Congrès américain, et le Sénat,  ont exercé leur droit de regard

et ils ont condamné le recours  aux techniques d'interrogatoire améliorées,

des choses comme la simulation  de noyade, qui auraient été autorisées

par la signature, par un décret,  du président de l'époque,

et je salue cela. C'est un exercice  de transparence et d'ouverture

et les Américains  régularisent leur situation

concernant les principes fondamentaux  des droits de l'homme et de la démocratie.

Mais je n'irai pas dans le sens  de certains membres de cette Chambre,

qui veulent se lancer dans une chasse  aux sorcières contre les Américains.

Quelles devraient être  les prochaines étapes

étant donné la complicité de plusieurs  États membres aux activités de la CIA ?

Des enquêtes sont à conduire dans les  pays qui ont connu les centres de détention,

comme la Pologne,  la Roumanie et la Lituanie.

Là, il y a eu des centres de torture  sur le sol européen.

Mais il y a eu des auteurs dans ces pays  qui ont conduit ces interrogatoires.

Il est donc important qu'il y ait des enquêtes  et qu'ils répondent de leurs actes.

de leurs propres systèmes juridiques,  des parlements nationaux.

Certains sont en train de mettre en place  des commissions d'enquête

pour examiner le rôle de leur gouvernement  et leur coopération avec la CIA

et savoir si des lois pénales  ont été enfreintes

dans les méthodes utilisées  pour restituer certains de ces individus

ou pour mener des interrogatoires avec des  techniques illégales sur leur territoire.

Je ne crois vraiment pas  que l'UE ait le droit de s'immiscer

et, pour ainsi dire,  critiquer les États membres.

Y a-t-il la moindre justification  de techniques d'interrogatoire coercitives,

notamment face à la montée  en puissance de l'ISIS ?

Je ne pense pas que la torture soit justifiée  dans aucune circonstance.

C'est dégradant pour des démocraties  d'utiliser la torture. Ça doit être interdit.

Cela n'a rien à voir avec les horreurs  de l'ISIS, ou du DAESH.

Cela nécessite une intervention militaire,   de les combattre sur leur sol.

Mais cela ne nécessite pas que nous, dans  notre territoire, admettions des méthodes

qui sont prohibées par les conventions  internationales et les lois nationales.

Tous les politiciens démocrates  bien-pensants des États membres de l'UE

et aux États-Unis  condamneront l'utilisation de la torture.

Mais nous devons clairement garder le droit  d'interroger des terroristes présumés.

et nous avons un vrai problème avec  près de 3000 citoyens de l'UE ou plus

qui combattent en Syrie, en Irak,  pour l'État islamique.

Certains de ces individus  reviendront dans nos pays.

Ils peuvent lancer des attentats terroristes  dans nos propres pays.

Les autorités doivent garder le droit  d'arrêter ces individus,

si elles les soupçonnent d'avoir pris part  à une organisation terroriste,

Quelles sont  les menaces terroristes à l'avenir ?

En France, il y a énormément  de facteurs qui jouent :

notre histoire coloniale, le fait que nous  avons laissé quatre millions de personnes,

des descendants des personnes ayant  immigré dans les années 1970 ou avant,

L'état des prisons en France  et dans beaucoup de pays européens est tel

Donc on ne peut pas simplement imaginer  qu'il y ait des méchants -

comme disait M. Bush,  il disait : "Ce sont des bad boys" -

Il faut prendre le problème  autrement plus au sérieux.

Nous sommes face à une organisation  aussi totalitaire que le régime nazi

qui était au pouvoir en Allemagne  dans les années 1930 et 1940.

C'est une organisation qui n'a absolument  aucun sens des limites

de ce qu'elle peut ou devrait faire,  la façon dont elle exécute des prisonniers,

vend des femmes en esclavage, fait des  viols collectifs, des meurtres, des tortures.

Ou brûle vif des prisonniers,  comme le Jordanien.

C'est une menace vraiment très sérieuse.

Des milliers de personnes ont rejoint  ce culte meurtrier psychopathe.