L'eurodéputée belge Maria Arena (S&D) déplore les disparités qui persistent en matière de congé parental entre États membres, laissant souvent la porte ouverte à la discrimination.

Le congé parental : un avantage pour tout le monde

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11602773/n003-0406-fr.srt

Dans l'UE, les travailleurs ont droit  à un congé parental

lors de la naissance  ou l'adoption d'un enfant.

Malgré ce droit, les parents européens  semblent loin d'être égaux.

La raison est simple : les conditions d'accès  sont définies par des législations nationales.

Dans son rapport voté  au mois de mai à Strasbourg,

la socialiste Mme Arena compte remettre  le problème en haut de l'agenda européen.

Le congé parental,  ça fait longtemps qu'on en parle.

Et pourtant, ça ne semble pas fonctionner,  en tous les cas au niveau des pères

quand on les compare aux mères. Seulement  1% des pères partent en congé parental.

Comment ça se fait  que ça ne fonctionne pas en pratique ?

Première chose,  il y a une directive qui existe.

Malheureusement, cette directive n'a pas été  transposée de manière égale en Europe

et surtout n'a pas pris en considération  la question de la discrimination aujourd'hui

faite aux femmes, mais aussi aux hommes,  par rapport à la prise de ce congé parental.

La rémunération du congé est une des clés  pour que les hommes le prennent.

Parce que les femmes sont encore  enfermées dans un rôle traditionnel social

et les hommes  dans un rôle traditionnel économique.

Ça, c'est les obstacles.  Les avantages, c'est quoi ?

L'intérêt, c'est qu'il faudrait  que ce congé parental puisse être rémunéré

pour qu'il y ait une vraie répartition  de la vie privée-vie professionnelle

entre hommes et femmes, ce qui mettrait fin  à la discrimination à l'emploi.

S'il y avait une meilleure répartition,  comme ça existe dans les pays scandinaves,

il y aurait moins de discrimination,  plus de diversité dans l'entreprise

et les entreprises qui ont plus de diversité  s'en sortent mieux économiquement parlant.

C'est du tout gagnant pour tout le monde.

Pourtant, certains États membres ont du mal  à transposer cette directive.

Pourquoi ? Où est le problème  pour ces pays-là ?

On peut avoir une raison  qui est conservatrice.

Par contre, des États trouvent qu'il ne s'agit  pas d'un investissement de payer des congés

Qu'avoir des congés, et un congé parental,  est de nature à donner plus de main d'œuvre,

plus de main d'œuvre qualifiée et donc  plus d'avantages pour les entreprises aussi.

En disant :  "On doit leur dire que c'est bien."

Mais qu'est-ce qui va les pousser à faire ça ?  C'est du bon sens, ce que vous dites.

Pas uniquement, à un moment donné,  il va falloir le payer ce congé parental.

Donc, on doit donner des pistes de pays  qui s'en sortent bien quant au congé parental

et de la manière dont ça s'est organisé,

par exemple avec des systèmes  de cotisation, de sécurité sociale,

une couverture sociale des parents  qui prennent ce congé parental.

Et donc pouvoir dire aux États membres  qui sont plus réticents :

regardez comment ça fonctionne ailleurs,  comment ça a été pratiqué.

C'est ce que la réévaluation  de la directive devra faire.

Le congé parental, c'est une chose.  Au niveau du congé de maternité,

comment est-ce que ça se passe ?  Où est le problème là ?

Et comment peut-on différencier les deux ?

Vous savez qu'on a, dans le cadre  de la simplification administrative en Europe,

la Commission européenne  avec le Conseil…

Où les États membres se réunissent.  - Voilà.

Ils ont dit : "Ce n'est pas prioritaire.  On doit travailler sur les banques,

sur la relance économique, donc le congé  de maternité n'est pas prioritaire."

C'est pourquoi j'ai dit : "On a le Conseil  le plus macho qu'on a jamais eu en Europe."

Vous n'y croyez pas  à cette question de priorités ?

Il va falloir revenir à cette question-là,

parce qu'on parle beaucoup, un,  de la question du taux de chômage.

Aujourd'hui, beaucoup de femmes sont  dans des taux de chômage importants,

et c'est un manque à gagner  pour notre société.

On voit que les discriminations entraînent  des discriminations salariales,

mais aussi de pension : il y a un gap  de 36% entre une femme et un homme.

Et la discrimination à l'emploi est  justifiée par la maternité, essentiellement.

Les États membres doivent  mettre en place des systèmes

pour protéger les femmes dans leurs choix  de vie privée et vie professionnelle.

Ces systèmes doivent être, bien entendu,  des congés de maternité payés.

Parce que si on vous dit :  "Vous avez congé pendant un an,

mais vous n'êtes pas payée pour rester  éduquer vos enfants", c'est très compliqué.

Donc, je dis aux États membres :  il faut qu'il y ait des législations,

européennes, quand cela s'avère nécessaire,  utile et dans la compétence de l'UE,

et nationales, pour garantir que les femmes  participent au travail comme les hommes.

Dernière question. Vous avez parlé  d'accords cadres,

de relations employés-employeurs,  qu'en est-il des indépendants ?

En matière d'indépendants, il faudra d'abord  garantir la couverture de sécurité sociale,

qui est la compétence de l'État membre,  et ensuite l'harmoniser au niveau européen.

Pour l'instant, on n'en est pas très loin  quant à la sécurité sociale garantie pour eux.