Alors que les dirigeants européens rencontrent le président Poutine pour encourager le processus de paix en Ukraine, le spécialiste de l'Ukraine du Parlement explique de quelle manière l'UE est prête à soutenir Kiev.

Crise ukrainienne : Solutions européennes

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11966367/n004-0018-fr.srt

C'est une crise qui a commencé  en avril dernier,

quand la Russie a violé  l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Malgré une vague de sanctions,  la Russie ne vacille pas.

Plus d'un million d'Ukrainiens  sont déplacés

et les rebelles pro-russes tentent d'annexer  plus de parties de l'est de l'Ukraine.

Les leaders mondiaux cherchent  désespérément une solution.

EPTV a rencontré A. Plenković, président  de la délégation parlementaire UE-Ukraine.

M. Plenković, merci d'avoir accepté cette  interview sur l'Ukraine avec EuroparlTV.

Nous savons que la situation empire  en Ukraine, l'impasse politique.

La première question est  de Philippe Grasset,

Ces dernières semaines, des informations  décisives sur le rôle actif des USA

dans ce qui apparaît désormais comme  un coup d'État en Ukraine en février 2014

ont été données,  notamment par le président Obama.

De tels éléments n'invitent-ils pas  expressément à revoir la politique de l'UE

et attribuer la quasi-totalité des  responsabilités de cette crise à la Russie ?

M. Plenković, y a-t-il du vrai  dans ce que dit M. Grasset ?

Non. Ce n'est pas l'UE qui a, à l'encontre  du droit international, annexé la Crimée,

ou qui a aidé les séparatistes à envahir  l'est de l'Ukraine dans le Donbass.

Ce n'est pas l'UE  qui déstabilise l'Ukraine.

L'UE, au contraire, a pour objectif que  l'Ukraine soit un pays libre, démocratique,

stable et intègre sur le plan territorial  avec le droit de choisir sa propre voie.

Et cette voie a été confirmée  par des élections, deux fois,

et il s'agit de la paix  et de la voie européenne.

Mais y a-t-il un argument selon lequel  les USA ont jeté la première pierre ?

Non, je ne crois pas. Je crois que  l'Euromaïdan était un processus ascendant,

et le fait que l'ancien président  Ianoukovitch ait refusé à Vilnius

de signer l'accord d'association déjà  approuvé était un énorme changement

et une cause de désespoir  pour la majorité des Ukrainiens.

Nous avons vu le président américain  et Angela Merkel

qui semblaient avoir des avis différents  sur la voie à suivre.

Tout pays peut décider de façon autonome  si exporter des armes en Ukraine.

Ce que veut l'UE, bien sûr,  c'est une solution politique.

Et une plus grande instabilité à nos  frontières n'est pas dans notre intérêt,

mais ce n'est pas dans  l'intérêt de la Russie non plus.

Donc nous continuerons notre politique  visant à rapprocher l'Ukraine de l'UE,

notamment par la mise en œuvre  de l'accord de l'association.

M. Plenković, une autre question  de la part d'Alexey Pushkov.

C'est un commentaire issu  d'une interview hier. Je vous montre.

La Russie maintient que la région  du Donbass devrait faire partie de l'Ukraine.

7 millions de personnes y vivent. On ne  peut décider de leur sort sans les consulter.

Il faut trouver une solution  qu'ils considèrent acceptable.

Je crains que pour la question de la Crimée,

la Russie n'ait pas l'intention  de modifier sa position.

Je suis ravi que M. Pushkov, qui a parlé  à la commission Affaires étrangères,

déclare clairement que le Donbass  fait partie de l'Ukraine.

Nous avons répété maintes fois  que l'intégrité territoriale est cruciale.

Il y a donc des moyens de satisfaire  les droits de la minorité.

Il y a des moyens de garantir  la décentralisation,

la participation aux gouvernements local  et régional. Même la loi sur l'amnistie.

Je viens de Croatie,  où la situation était similaire

Ils ont aussi manipulé  la minorité en Croatie,

mais on a réussi à garantir  les droits des minorités.

C'est donc une déclaration très positive,

mais la fédéralisation ne devrait pas  pour autant être un objectif pour l'Ukraine.

Au contraire, l'intégrité territoriale  est primordiale.

En ce qui concerne la Crimée,  j'aimerais demander à M. Pushkov :

comment la Russie se sent-elle par rapport  aux principes du droit international ?

Nous savons que le référendum  était truqué,

il n'y a pas eu de réel débat, il n'y pas eu  l'occasion d'entendre les opinions.

Et l'annexion illégale de la Crimée,  qui va à l'encontre du droit international,

est certainement un coup contre les  principales valeurs de l'ordre mondial

que nous avons créé  depuis ces 70 dernières années.

Cela restera totalement inacceptable  pour l'UE et ses États membres.

Bonjour. L'Ukraine a entamé  un processus de réformes.

Nous préparons maintenant  la prochaine étape

avec le FMI et des spécialistes de l'UE.

Aujourd'hui, il est impossible  d'être seuls dans ce processus,

si l'on pense à l'agression  de la part de la Fédération de Russie.

Quel type de soutien - humanitaire,  économique, d'expertise, militaire -

pouvons-nous attendre  de la part de l'UE cette année ?

Ces deux dernières années, plus de 11  milliards d'euros ont été alloués à l'Ukraine.

Un groupe spécial de soutien  composé de hauts fonctionnaires

reflétant les ministères en Ukraine  les aide au quotidien.

Il y a une nouvelle tranche de 1,8 million  d'euros d'assistance microfinancière.

Nous collaborons pour les aider à soutenir  financièrement la situation de guerre.

Il reste une dernière question  sur l'aspect humanitaire,

Elle provient de l'UNICEF en Ukraine.  La voici.

Depuis le début du conflit,  au moins 59 enfants ont été tués.

L'UNICEF estime que 1,7 millions d'enfants  ont besoin d'assistance.

Nous sommes reconnaissants  de l'assistance reçue.

Qu'est-ce que l'UE a l'intention de faire  pour aider les enfants

Tout le monde souffre en Ukraine, surtout  dans les régions touchées par la guerre.

Et les conséquences de la guerre  sont les plus graves pour les enfants,

car ce sont des cicatrices  qu'ils garderont toute leur vie.

Nous participons financièrement  aux efforts de différentes organisations

internationales gouvernementales  et d'ONG.

Pour leur permettre d'au moins voir  un environnement normal, chaleureux,

en cette phase critique du début de leur  vie et de leur développement.

M. Plenković, merci pour cette interview.  - Merci. Tout le plaisir est pour moi.