Nous pouvons endiguer l'épidémie d'Ebola dans les 6 à 9 mois à venir si l'on intensifie les opérations conformément au plan, déclare la directrice régionale de l'OMS pour l'Europe.

Ebola peut être vaincu - Zsuzsanna Jakab

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11887157/n003-0315-fr.srt

Zsuzsanna Jakab, bienvenue  dans cet entretien au PE.

Vous êtes la directrice régionale  pour l'Europe

de l'Organisation mondiale de la santé  concernant la crise Ebola.

Tout d'abord, comment décririez-vous  la situation aujourd'hui ?

On parle de 5000 morts et de plus  de 13 000 personnes contaminées.

Quelle est la situation réelle aujourd'hui ?

La situation est telle qu'on peut encore  mettre fin à cette épidémie

Il est clair pour nous que,  si on parvient à intensifier les opérations

nous pouvons y mettre fin  dans les six prochains mois.

Mais pour cela, il faut intensifier  davantage les efforts internationaux.

Comment décririez-vous cette aide  provenant des États-Unis et d'Europe ?

Depuis que l'OMS a annoncé que c'est une  urgence internationale de santé publique

le 8 août, et qu'ensuite l'ONU a adopté  une résolution du Conseil de sécurité,

les efforts internationaux ont été intensifiés.

Que se passe-t-il  précisément sur le terrain ?

Sur le terrain, les pays  et la communauté internationale

Nous avons actuellement  15 centres de traitement

et il y en a environ 20 ou 25  qui sont en construction.

Ils ne sont pas encore pleinement  opérationnels, mais le seront bientôt.

Cela ajoutera 5000 lits d'hôpitaux  supplémentaires dont on a vraiment besoin.

Nous n'avons actuellement  qu'environ 1000 lits d'hôpitaux.

Les centres de traitement doivent continuer.  Mais il faut les doter de personnel

et il faut donc beaucoup de personnel  international sur le terrain.

Selon la feuille de route  de l'OMS et de l'ONU,

nous envisageons d'avoir 750 membres  du personnel, nous n'en avons que 150.

Comprenez-vous que des ONG  comme Médecins sans frontières disent :

"Nous nous sentons vraiment très seuls  en Afrique de l'Ouest" ?

Honnêtement, cela m'a un peu étonnée,

de même que les critiques envers l'OMS.

Je dois dire que depuis le début,  depuis mars,

nous avons fait passer l'épidémie  à un niveau 2, qui est plus élevé,

et dans les deux mois les plus critiqués,

nous avons placé environ  110 personnes sur le terrain

dans un délai très court,  ce qui n'a jamais été fait avant.

Et notre directeur général a fait passer  l'épidémie au niveau 3

et c'est alors que la collaboration  internationale a commencé à se manifester.

Il y a donc beaucoup qui a été fait.  Bien entendu, ce sont des pays énormes.

Peut-être que Médecins sans frontières est  à un endroit et l'OMS dans un autre district.

Mais nous avons tous fait  de notre mieux. Cela étant dit,

il faudra évaluer tout cela  une fois l'épidémie terminée.

Les sociétés pharmaceutiques ont accordé  peu d'importance à Ebola jusqu'à présent.

Des personnes travaillent sur un vaccin.  Où en sommes-nous ?

Le travail avance très vite, avec une  approche très rapide, ce qui est très positif

parce qu'Ebola était considérée  comme la maladie des pauvres.

Et donc, les intérêts et les bénéfices  commerciaux étaient très incertains.

Il n'y avait pas assez d'investissements  dans la recherche et le développement,

mais maintenant cela a changé  et cela est très positif.

Il y a deux vaccins  en phase d'essais précliniques.

Si tout se passe bien et que la sécurité  et la sûreté du vaccin sont prouvées,

cela signifiera qu'on pourra commencer  à utiliser le vaccin début 2015.

"Des cas sporadiques de maladie d'Ebola  sont possibles en Europe."

Quelle ampleur cette maladie pourrait-elle  avoir en Europe si elle se propage ?

Cette maladie ne se propagera pas  en Europe. C'est la bonne nouvelle.

Le risque de propagation en Europe  est très faible.

Comment en être sûr ?  - Car nos systèmes de santé sont solides.

Mais on doit se préparer à ce que certains  cas soient importés en Europe,

mais comme les systèmes de santé sont  bons, ils seront capables de faire face.

Mais nous devrions toujours  rester modestes

et utiliser toute opportunité pour renforcer  encore plus nos systèmes de santé.

Et nous devons aussi continuer à renforcer

les capacités de base  du règlement sanitaire international.

Et enfin, quand voyez-vous la fin de cela ?

J'espère que  dans les six ou neuf prochains mois,

nous parviendrons à inverser la situation

Dans certains districts, on constate déjà  des signes de diminution, c'est positif,

mais il faut rester très prudents  avec ces chiffres

parce que les données  ne sont pas très fiables.

Il faut donc se montrer optimistes,  mais avec prudence et réserve.

Zsuzsanna Jakab, merci beaucoup  pour cette interview.