De nouveaux objectifs permettront-ils de garder une longueur d'avance en matière d'énergie tout en stimulant la concurrence des industries en Europe ? Le débat de nos experts.BEFAA4DC-73E7-4480-8F3D-A3F0010B03C4

Objectifs climatiques : évoluer avec les géants de la planète

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11895571/d001-0050-fr.srt

Bonjour et bienvenue  dans ce programme spécial

ici au Parlement européen à Bruxelles.

Je vous présente tout de suite  Jean-Marc Gresta. Merci d'être venu.

Maria, bonjour.  Merci de nous avoir invités pour ce débat.

Aujourd'hui, les experts disent  qu'il n'y a plus de temps à perdre

pour combattre  le réchauffement climatique.

Or, pour certains, les nouveaux objectifs  de l'UE sont timides et peu contraignants.

L'Europe restera-t-elle le leader dans la lutte  contre les gaz à effet de serre ?

Quels espoirs peut-on fonder sur la  conférence sur le climat de Paris en 2015 ?

Pour en parler, nous avons Mme Bresso,  du groupe des socialistes et démocrates.

À votre droite, il y a l'industrie :  Alexandre Affre,

directeur des affaires industrielles  à BUSINESSEUROPE.

Et Mathieu Bayot, administrateur délégué  de la société belge Soltis

qui travaille sur l'ensemble  des énergies renouvelables.

Tout d'abord, un petit rappel des faits.  Jean-Marc ?

Les gouvernements ont approuvé en  octobre un nouveau paquet Énergie-climat,

il y a 40% de gaz à effet de serre en moins,

il y a aussi un mix énergétique qui devait  comporter 27% d'énergie renouvelable

et il proposait également de réduire  la consommation d'énergie de 27%.

Première question, pour Mercedes Bresso.  Ce paquet Énergie est-il satisfaisant ?

Non, ce n'est pas satisfaisant,  parce que ce que nous avions proposé,

c'est d'avoir d'abord  des pourcentages plus élevés,

et ce non seulement pour les émissions,

mais aussi pour l'efficacité énergétique  et l'épargne énergétique,

mais aussi d'avoir des objectifs nationaux.

Donc des objectifs plus ambitieux.  Il faut peut-être rappeler,

Jean-Marc l'a dit, mais je le répète, ces  40% de réduction de gaz à effet de serre,

c'est une valeur  par rapport à la fin des années 1990.

M. Affre, selon vous,  cela va dans le bon sens

et c'était peut-être le seul type  de compromis qu'on pouvait avoir

vu la crise économique  qui persiste en Europe ?

Quelle est votre opinion  sur l'ensemble du paquet ?

Les conclusions du Conseil européen est  qu'il y a une prise de conscience

que la politique européenne  en matière de climat doit être réformée.

C'est une chose positive,  une prise de conscience.

Mais on n'est pas complètement satisfaits  pour des raisons différentes des vôtres.

On pense que les 40% sont  un objectif très ambitieux.

On demande à l'UE en 10 ans de faire  ce qu'elle a fait en 20 ans.

C'est un objectif très ambitieux, et donc  il faut que les autres grandes nations,

Chine et États-Unis,  pour donner deux exemples,

rejoignent un accord global contraignant  en 2015 à Paris

pour qu'on n'ait pas de perte  de compétitivité de l'industrie européenne.

Je rappelle d'abord que c'est  un des secteurs dans lesquels l'Europe,

comme capacité de production  d'équipements pour atteindre ces objectifs,

est le continent le plus avancé,  avec les pays les plus avancés.

veut dire aussi tuer toutes les activités  de production d'équipements

mises en place pour atteindre ces objectifs.

C'est toujours très dangereux de freiner.

Je suis d'accord, 40%, c'est très ambitieux,  on ne pourra pas l'atteindre

si on n'a pas aussi des objectifs en termes  d'épargne et d'efficacité énergétique,

parce que ces trois niveaux se tiennent.

Si on néglige l'efficacité et l'épargne, on  n'arrivera pas à réduire d'une façon efficace

et pas trop chargée sur les entreprises,  parce que réduire les émissions,

ça ne veut pas dire que les entreprises  mais aussi les ménages et le transport.

Mais tout ça est possible  si on a des objectifs très clairs

et si on les définit aussi, comme on l'a dit,  par rapport aux pays.

Vous parlez de freins.  M. Bayot, sur le terrain,

travaillez-vous sur ces questions-là ?  Comment analysez-vous ces objectifs ?

Il y a les objectifs, mais aussi  la mise en place pour les réaliser.

Ce que nous avons constaté depuis 2008,  c'est que les États,

en tout cas la Belgique, a diminué  très fortement les aides, les subsides

et le message de soutien  aux énergies vertes de manière générale

que ce soit d'abord au niveau fédéral  et ensuite au niveau régional.

Aujourd'hui, on voit une baisse dramatique  des investissements dans l'énergie verte

et également un message  complètement troublé. Pourquoi ?

Parce que le premier objectif des nations  est de respecter les accords de Maastricht,

Donc dans quoi réduit-on les coûts ?  Dans l'énergie verte et l'environnement.

Donc les aides et le soutien à ce niveau-là  baissent très fortement.

Il faut peut-être encore une fois expliquer  que la nouveauté de ce paquet,

c'est que ces objectifs  sont au niveau communautaire,

alors qu'avant,  il y avait des objectifs par pays.

Comme dans tout ménage  ou toute école,

s'il n'y a pas d'examens,  on ne fait pas ses devoirs.

N'y a-t-il pas un risque que l'industrie dise :  "Stop, pourquoi devrais-je faire un effort ?"

"Ou si un État ou gouvernement  a déjà de gros problèmes de budgets,

pourquoi doit-il faire des efforts dans le  renouvelable et ce type d'investissements ?"

D'abord, il y a un objectif  qui va se décliner par État membre -

celui de réduction  des gaz à effet de serre, de 40% -

c'est un objectif qui sera contraignant  au niveau de chaque État membre.

Je l'ai dit,  c'est un objectif très ambitieux.

Après, c'est certain que sur les  renouvelables et l'efficacité énergétique,

l'Europe doit continuer à faire des efforts.

Elle ne peut pas ignorer le fait  que ces politiques ont un coût :

ces politiques climatiques, le soutien  et les subventions aux renouvelables,

l'efficacité énergétique, cela a un coût,

notamment sur la facture que paient  les industriels, consommateurs d'énergie.

Là, il y a un vrai problème  de compétitivité entre l'industrie de l'UE

et les industries,  notamment aux États-Unis,

où le prix de l'énergie a fort chuté  avec la révolution du gaz de schiste.

Donc, il y a vraiment un effort à faire pour  mettre en place des politiques climatiques

qui ont un impact moins important  sur le coût de l'énergie,

qui est un facteur de compétitivité important  pour nombre de secteurs dans l'UE.

Cette compétitivité ?  - On ne peut pas s'arrêter à mi-chemin.