Le nouveau registre de transparence devait mettre fin aux pratiques opaques de lobbyisme qui persistent dans l'UE, mais cela sera-t-il efficace ? L'avis de l'eurodéputée Sylvie Guillaume (S&D).

Plus de transparence pour le lobbyisme dans l'UE

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/11965211/n004-0020-fr.srt

Les lobbyistes influencent-ils réellement les  décideurs des institutions européennes ?

Sont-ils utiles ou au contraire nuisibles  au fonctionnement de la démocratie ?

Le nouveau registre de transparence entré  en vigueur le 1er janvier de cette année

permet-il un meilleur contrôle  des pratiques des lobbyistes ?

Sylvie Guillaume, vice-présidente du PE,  répond à nos questions.

On va directement commencer  par la première question.

Elle nous vient d'Olivier Hoedeman,  d'une ONG qui prône la transparence.

La Commission européenne propose  un nouvel accord interinstitutionnel

pour améliorer le registre des lobbyistes.

Ne faudrait-il pas, afin que ce registre  soit vraiment contraignant,

une législation pour que les lobbyistes  soient juridiquement obligés de s'inscrire

En gros, si on résume, c'est la question  du "obligatoire" ou du "facultatif".

Pour l'instant, bien que ce soit  une demande importante et ancienne du PE

d'avoir un registre qui soit obligatoire,

pour l'instant ça ne l'est pas.  Mais ça reste une revendication.

C'est compliqué à mettre en place,  car il faut une perspective de long terme

et il nous faut obtenir au Conseil  l'unanimité, donc ce n'est pas si simple.

Mais quand on voit que deux tiers  des banques et des groupes financiers

qui font du lobbyisme dans l'UE  ne sont pas inscrites dans ce registre,

n'est-ce pas un aveu d'échec  de la base volontariste ?

Ce n'est pas très glorieux. Il faut  qu'on change les pratiques des lobbys,

mais qu'on ait aussi une force de pression  sur de meilleures pratiques.

Et ça, c'est sans doute  en ayant des formules

qui avantagent cette inscription  qu'on pourra faire bouger les choses.

Alors on va passer à la deuxième question.

Elle nous vient  de Mercedes Sánchez Varela

de KPMG, une société de consultance.  Voici.

Notre société fait partie de l'IET  depuis 2012.

Notre manière de travailler  ne changerait pas beaucoup

avec une inscription obligatoire sur l'IET.

Selon vous, ce registre suffira pour contrer  les comportements contraires à l'éthique ?

Bien sûr que non. Des groupes de pression,  des lobbies, des groupes d'intérêt

qui ont très franchement envie  de se cacher,

qui ont envie d'avoir une activité borderline  par rapport à la légalité,

continueraient ou continueront  d'être dans une démarche cachée.

Mais ceux-là auront leurs limites,  rapidement.

Ce que nous voulons,  c'est moraliser ces liens-là.

Nous voulons rendre plus transparent pour  l'opinion publique les pratiques existantes.

qui fait que l'inscription obligatoire  deviendrait l'alpha et l'oméga

de bonnes pratiques  au sein des institutions européennes.

Elle nous vient de Pieter Cleppe,  de Open Europe.

Si le registre de transparence  devient obligatoire,

il faudrait probablement des mesures pour  protéger l'anonymat des clients des avocats.

Et qu'en est-il des journalistes ?  Devraient-ils aussi s'enregistrer ?

Comment définissez-vous un journaliste ?

Ce sont des questions  qui sont très importantes.

En plus de cela,  nous devrions aussi rendre obligatoire

que les eurodéputés divulguent  comment et qui ils rencontrent.

Il faut être suffisamment clair et précis  dans ce qu'on apporte comme règles.

En même temps, on ne va pas réglementer  la rencontre qui se fait

dans le Thalys pour les Français  ou à d'autres moments.

Ce que je veux dire par là,  c'est que cette question de la transparence

est une question de morale politique,  de pratiques politiques,

C'est ce que nos concitoyens  attendent des parlementaires.

Et c'est à l'égard de cette écoute des  informations qu'on peut nous communiquer

qui vont nous aider à concevoir  des textes ou notre pensée,

et avec le libre arbitre sur nos pratiques  que les choses doivent s'équilibrer.

Parlez-nous  de votre expérience personnelle.

Avez-vous eu des tentations, des influences  de lobbyistes, comment avez-vous réagi ?

Moi, j'ai la chance, d'une certaine manière,  ou en tout cas la distance,

d'être une parlementaire  qui n'exerce pas dans le domaine

lié à la partie économique ou commerciale  ou de l'industrie ou de la concurrence.

Donc, je pense que les lobbys sont moins  intéressés à dialoguer avec moi

quand je parle de migration, d'asile,  de droits fondamentaux ou de l'homme.

Il y a un peu moins d'enjeux  des groupes de pression.