L'eurodéputé en charge du dossier de la nouvelle réglementation bancaire répond aux questions de spécialistes.CCD9F512-37C3-44DD-BC0D-A49E012340DD

Réforme bancaire : la prochaine étape

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/12050754/n004-0027-fr.srt

Les efforts de l'UE pour réformer  en profondeur le système bancaire

suffisent-ils pour éviter  une autre crise financière en Europe ?

Pour soutenir d'une part la réglementation,  et de l'autre les prêts

afin de créer des emplois  et la croissance ?

Un homme bien placé pour répondre  à ces questions est Gunnar Hökmark,

politicien de centre-droite, qui soumet  des propositions contraignantes de la CE

pour une réforme structurelle  du secteur bancaire au Parlement.

M. Hökmark est  un défenseur de la réglementation,

mais pas au point d'étrangler les prêts.

Fixons d'abord le cadre : quand vous avez  repris ce dossier, à quoi vouliez-vous

parvenir et pourquoi cela est-il nécessaire ?

Pour moi, le plus important était de faciliter

les financements,  les investissements en Europe.

Et pour ce faire,  les banques sont des acteurs essentiels.

Brièvement, y avait-il l'idée  de voir protéger les contribuables

contre le sauvetage des banques  jugées trop importantes pour faire faillite ?

Oui, on pourrait dire ça,  mais de nos jours, il est très clair

que les actionnaires,  les principaux investisseurs,

en paieront le prix  si la banque est en perte.

Bien, passons à notre première question.  La voici.

Ne pensez-vous pas que,  sans filet de sécurité gouvernemental,

la prise de risques excessive disparaîtra

tout simplement parce que,  au lieu de compter sur le contribuable,

les directeurs de banque  et les négociateurs

risqueraient leur propre tête  et leur propre argent en cas de faillite ?

Je suis tout à fait d'accord. Nous avons  d'ailleurs finalisé une autre législation

appelée la Directive sur le redressement  et la résolution des crises bancaires.

Cela signifie que n'importe quelle banque,  grande ou petite,

Donc, si une banque a  de graves problèmes,

alors les actionnaires y perdront,  les grands investisseurs y perdront,

afin de garantir que chacun sache  où est sa responsabilité.

C'est donc une sorte  de retour du capitalisme

où les capitalistes auront tout le poids  et l'entière responsabilité,

pour les profits,  mais aussi pour les pertes.

Cela va-t-il réduire le risque ?  Beaucoup craignent le risque systémique.

Le risque systémique, oui. Les risques, non,  parce qu'il faut prendre des risques.

Je veux que nous facilitions  plus de prise de risques,

pour qu'on puisse analyser le risque  et le répartir.

En Europe, nous essayons d'encourager  les entreprises

à se financer elles-mêmes  par les marchés des capitaux,

et d'un autre côté, nous essayons aussi

de séparer les activités de commerce  du secteur bancaire

de l'activité d'intermédiation commune,

en sachant que cette séparation pourrait  limiter l'activité de commerce

et cette limitation pourrait aussi limiter

la liquidité des marchés financiers,  des marchés des capitaux.

Et cela pourrait aussi être un problème

pour le financement du secteur privé  que nous essayons d'encourager.

C'est au cœur de notre dossier,  cette séparation…

On peut dire ça,  et c'est pour ça que je ne soutiens pas

une telle séparation,  car on a besoin de commerce.

Le commerce, en tant que tel,  n'est pas plus risqué que les prêts.

Parfois, les prêts sont les plus risqués.

Parfois, certains commerces sont risqués

et en Europe, les banques dominent  les marchés des capitaux.

C'est plutôt bien,  car les banques sont bien réglementées,

elles sont plutôt sûres  et bien surveillées.

Mais ce qu'on essaie de faire,  ce que j'essaie de faire,

c'est de dire que, si une banque a  un niveau de commerce trop élevé

et si ce commerce est considéré comme  plus risqué que le commerce normal,

alors les superviseurs, les autorités  compétentes, doivent plus les surveiller

et leur dire : "Il vous faut peut-être plus  de capitaux pour être plus en sécurité."

"Peut-être devriez-vous  réduire cette activité

ou nous faut-il une supervision plus  contraignante de vos activités quotidiennes

ou devriez-vous séparer cela  de vos autres activités ?".'

Bien, passons à notre dernière question,  que voici.

Le lobby financier a été très fort  pour créer des failles.

Je me demande donc s'il n'est pas plus  efficace d'avoir une séparation claire

entre banques d'épargne  et banques d'investissement.

C'est très vrai.  Une réglementation forte est simple.

Mais il faut aussi être sûr  de ce que l'on veut.

Et je ne veux pas qu'on réduise  les investissements et la tenue de marché

et le financement des entreprises  européennes et de nouveaux emplois.

Je veux que ce soit fait  de manière efficace,

Les banques sont essentielles pour cela.

Ce qu'on a vu durant la crise,  c'est que les banques qui font les deux

ont tendance à être plus stables,  plus résistantes face à la crise,

par rapport à celles qui sont spécialisées -

et les banques d'investissement,  comme Lehman Brothers, de l'autre…

Ce qu'on appelle les banques universelles  reposent sur trois pieds différents

et sont plus résistantes en cas de crise.

C'est ce que toutes les autorités  ont constaté

et nous aussi  lors des tests de résistance.

Gunnar Hökmark, merci beaucoup.  - Merci.