I. Durant (Verts/ALE) commente l'actualité de la semaine, des manifestations en Turquie aux rébellions en Syrie. M. Pirillo (S&D) se prononce sur la baisse des émissions de CO2 des voitures.

7 jours : "M. Assad a déjà gagné" - Isabelle Durant

https://api.multimedia.europarl.europa.eu/documents/20125/16335701/M004-0081-FR-16px.srt

Bonjour. Bienvenue dans cette édition  de 7 jours en Europe

ici, au Parlement européen  à Strasbourg.

Beaucoup de sujets nous préoccupent :  la répression des manifestants en Turquie,

les contrôles extrêmes des données  personnelles aux États-Unis.

Et puis, on parlera de votes importants,  cette semaine, à Strasbourg.

Pour m'aider à analyser l'actualité,  j'ai avec moi Isabelle Durant. Bonjour.

Vous allez bien ?  - Oui, très bien, merci.

Vice-présidente du PE,  élue dans le groupe des Verts.

Nous parlerons de tous  ces sujets chauds cette semaine.

Mais avant de commencer,  comme pour tous nos invités,

c'est notre minute de questions-réponses.  Le "Oui ou Non".

M. Erdoğan a bien fait de réprimer  les manifestants du parc Gezi, à Istanbul ?

Êtes-vous inquiète pour ce qui va  maintenant se passer en Turquie ?

Selon vous, l'adhésion de la Turquie à l'UE  sera-t-elle remise en question ?

Non, mais comme elle n'est pas fort  à l'ordre du jour, ça ne changera rien.

Vous comprenez le souci des Américains  de contrôler la vie privée des gens

pour prévenir les attaques terroristes ?  - Non.

Faut-il se défendre contre l'intrusion  dans notre vie privée ?

Punir les États-Unis, comme le demandent  maintenant certains de vos collègues ?

La fermeture brutale des 3 chaînes  publiques grecques, hier.

Inévitable ou catastrophe ?  - Catastrophe.

Sur la Syrie, faut-il envoyer  des armes aux rebelles ?

Des moyens de se défendre, en tout cas.  - On verra ça après.

Le risque n'est donc pas élevé d'alimenter  des groupes extrémistes en Syrie ?

Les armes et les extrémistes sont déjà là.

Les cinéastes européens s'inquiètent  de l'accord de libre-échange avec les USA

qui ouvrirait la voie à l'invasion  des œuvres américaines. C'est justifié ?

Absolument. On a reçu les artistes  pendant cette semaine à Strasbourg

et c'était très intéressant  de les voir soutenir les parlementaires.

Bon, le temps est écoulé, désolée.  Time's up.

J'avais une autre question  que je vous pose quand même.

Le protocole de Kyoto est toujours actuel ?  - Mal en point.

On n'est pas très bien en ce moment.  - On n'est pas très bien,

mais ça veut dire qu'on a beaucoup  à faire pour se redresser.

Très bien. Mais alors...  Nous parlerons du reste de l'actualité.

Les images qui nous arrivent d'Istanbul  et d'Ankara sont très inquiétantes.

La répression est violente,  même contre des gens en chaise roulante.

Quel est le sentiment  que ces images vous inspirent ?

C'est insupportable. Il n'est pas normal de  réprimer ainsi une manifestation citoyenne.

Les gens ont le droit...  - Il les a rencontrés.

Oui, mais pendant ce temps-là, sur la place,  les gaz lacrymogènes continuent d'agir.

C'est très hypocrite de rencontrer, mais de   poursuivre une répression disproportionnée.

Maintenir la sécurité, c'est le rôle  de toute police, en Turquie comme ailleurs,

mais les brutalités et les violences  sont insupportables.

C'est vraiment quelque chose  qui montre que ce régime,

ou en tout cas que la police,  commandée par quelqu'un,

est commandée par quelqu'un d'autoritaire

qui ne respecte pas, tout simplement,  le droit à manifester.

Il y a une chose qui m'étonne beaucoup.

On a déjà vu et écouté  la réaction des États-Unis

qui disent :  "Attention. Liberté d'expression."

Il y a eu quelques interventions ici dans  la session, mais l'Europe me semble timide.

Il n'y a pas eu encore de prise de position  ferme de Mme Ashton ou M. Van Rompuy.

Peut-être que cela se produira dans les  heures à venir, mais pour l'instant : rien.

L'Europe ne sait pas très bien comment  se comporter par rapport à la Turquie ?

L'Europe, évidemment...  D'abord, c'est qui l'Europe là-dessus ?

C'est Mme Ashton ? Je ne suis pas sûre.

On se rend compte que l'UE est divisée  sur la question de l'adhésion de la Turquie.

Ça fait des années, surtout ces derniers  mois, qu'on envoie aux Turcs des signaux :

"Vous ne nous intéressez pas,  vous êtes trop grands, trop musulmans."

Et vous nous mettez mal à l'aise  avec l'histoire de Chypre.

En plus. Qui n'est toujours pas réglée.  C'est vrai, c'est un vrai problème.

Donc, on leur envoie un message  contradictoire. À la fois on leur dit ça,

et en même temps, maintenant que ce  régime, qui devient vraiment autoritaire,

un peu comme la Hongrie d'ailleurs,  ou comme M. Orbán,

qui, en Hongrie, coupe dans les libertés  individuelles, change la constitution.

Certes, avec une majorité au parlement. M.  Erdoğan aussi a une majorité au parlement.

Donc, il n'est pas illégitime,  mais il devient autoritaire.

C'est inacceptable en Hongrie et en  Turquie. Il n'y a pas 2 poids 2 mesures.

Aujourd'hui, on doit donner  un signal clair à tous ces manifestants :

"On est, nous, Européens, avec vous, pour  l'État de droit, la liberté de la presse." 

Vous savez qu'il y a plus de 70 journalistes  en prison en Turquie.

"Pour la liberté d'expression, les droits de  l'homme, des femmes, de tout le monde."

Je crois que, nous, Européens, on doit être  au côté de ces militants et activistes,

quels qu'ils soient, y compris d'ailleurs  de certains islamistes.

Rapidement, si les violences continuent,

parce que les manifestants  n'ont pas l'intention de s'arrêter,

est-ce qu'à votre avis, l'UE prendra  la décision de suspendre les négociations ?

Elles sont déjà suspendues,  donc c'est une menace ridicule.

Par contre, je pense  que c'est très dangereux

de voir quelque chose qui n'est plus du tout  une manifestation pour un parc.

C'est devenu une protestation nationale,   et c'est bien, je m'en réjouis.

C'est difficile.  C'est réprimé de façon scandaleuse.

Mais c'est bien que la société civile  turque se lève pour dire ce qu'elle veut.

Ce qu'on ne voit pas en Hongrie.  - Non.

Ce qu'on a vu dans d'autres pays,  avec les "indignés" espagnols.

Il se passe quelque chose  de beaucoup plus large.

Et nous devons, nous, Européens,  être au côté des manifestants,

comme on a été au côté des Iraniens  pendant leur mouvement de protestation.

On discute avec les gouvernements, mais  on doit donner des signaux plus clairs.

À suivre. I. Durant, je vous propose  de regarder le reste de l'actualité de l'UE

et on en discutera ensuite.  C'est un reportage de Caroline Grasso.