Statement by Simone VEIL, former EP President on the occasion of medal presentations to students who participated in an essay competition ("50 Years After the Holocaust: Lessons from Europe").  The following transcription is the result of an automatic process. Check Against delivery.

VEIL, Simone (LDR, FR)

Holocaust remembrance (T)

50th anniversary of the liberation of the concentration camps: Statement by Simone Veil

SOUNDBITE (French), Simone VEIL, Former EP President, Monsieur le pr&eacute;sident du Centre d'information et de documentation, Monsieur le commissaire, Monsieur le repr&eacute;sentant du Conseil, Mesdames Messieurs les d&eacute;put&eacute;s. Et mes chers amis. C'est &Agrave; vous les jeunes que je m'adresse en disant mes chers amis parce que je tiens en premier &agrave; vous remercier et &agrave; vous f&eacute;liciter.

Mais je voudrais aussi vous remercier Monsieur le Pr&eacute;sident et tout le Parlement de m'avoir associ&eacute; &agrave; cette manifestation. Cette manifestation qui fait honneur au Parlement en ayant accept&eacute; de donner son patronage au centre Simon Wiesenthal et au Centre d'information et de documentation lorsqu'il a organis&eacute; ce concours de r&eacute;daction &agrave; l'intention des &eacute;l&egrave;ves de 16 &agrave; 18 ans sur le th&egrave;me: " Cinquante ans apr&egrave;s l'Holocauste. Les le&ccedil;ons pour l'Europe". Certes je me f&eacute;licite de cette initiative et je tiens &agrave; f&eacute;liciter tous ceux qui ont particip&eacute;. Mais je dirai un mot particulier pour le Parlement europ&eacute;en parce que depuis maintenant 1979, quinze ans, qu'il existe je crois qu'il s'est sans cesse pr&eacute;occup&eacute; de rappeler quels &eacute;taient les dangers du racisme, de l'antis&eacute;mitisme, de la x&eacute;nophobie et je dirais de l'intol&eacute;rance en g&eacute;n&eacute;ral.

Certes c'&eacute;tait sa vocation. Repr&eacute;sentant de tous les peuples de ce qui &eacute;tait alors la Communaut&eacute; europ&eacute;enne et maintenant l'Union europ&eacute;enne cette institution d&eacute;mocratique par essence se devait de veiller &agrave; ce que le pass&eacute; ne revienne pas et que la raison d'&ecirc;tre m&ecirc;me de la construction europ&eacute;enne trouve tout son sens. Plus que d'autres sans doute j'y suis sensible. Tout d'abord parce que j'ai &eacute;t&eacute; la premi&egrave;re pr&eacute;sidente de ce parlement &eacute;lu et j'en conserve une tr&egrave;s grande fiert&eacute; et une tr&egrave;s grande joie, aussi je ne dis pas que ce n'est pas sans une certaine nostalgie que je me retrouve aujourd'hui devant beaucoup d'anciens coll&egrave;gues ou de ceux qui auraient pu &ecirc;tre mes coll&egrave;gues aujourd'hui si je n'avais pas &eacute;t&eacute; appel&eacute; &agrave; d'autres fonctions.

Mais je dirais que c'est surtout par mon pass&eacute; que je me sens aujourd'hui tellement concern&eacute; par cette manifestation et que je tiens &agrave; remercier non seulement les &eacute;l&egrave;ves non seulement les organisateurs mais tous les parlementaires et les personnalit&eacute;s qui sont ici et que je n'ai pas pu toutes nommer et notamment les personnalit&eacute;s de la communaut&eacute; juive qui naturellement sont associ&eacute;es les premi&egrave;res &agrave; cette manifestation je suis particuli&egrave;rement sensible parce que pour moi l'Europe la construction europ&eacute;enne reste l'&eacute;v&eacute;nement le plus important des cinquante derni&egrave;res ann&eacute;es.

Il y a quelques jours j'ai &eacute;t&eacute; interview&eacute; et on m'a dit Quel est votre bilan personnel de ces 50 ann&eacute;es. Qu'est ce que vous trouvez le plus important au moment o&ugrave; on comm&eacute;more la fin de la guerre. J'ai dit c'est l'Europe, c'est l'Europe parce que c'est l'Europe qui a vraiment chang&eacute; le destin, l'espoir la confiance que nous pouvons avoir dans l'avenir et je crois qu'on le dit pas suffisamment et qu'aujourd'hui c'est l'occasion ici dans cette enceinte de le dire de proclamer et de savoir que tout le temps nous devons tenir bon contre vents et mar&eacute;es &agrave; un moment o&ugrave; quelquefois certains doutent de l'Europe de dire qu'il y a eu un tournant dans le destin des peuples europ&eacute;ens &agrave; partir du moment o&ugrave; quelques uns ont eu confiance dans ce grand projet et se sont battus tellement pour que la construction europ&eacute;enne se fasse.

Alors je dirais que pour moi gamine j'avais &eacute;t&eacute; &eacute;lev&eacute;e dans le regret par mes parents de l'&eacute;chec d'un projet europ&eacute;en. Un premier projet qui avait &eacute;t&eacute; celui de Briand et de Stresemann et j'ai souvent pens&eacute; peut &ecirc;tre parce qu'on m'en avait beaucoup parl&eacute; enfant et m&ecirc;me lorsque j'&eacute;tais en d&eacute;portation dans les moments les plus difficiles j'ai souvent pens&eacute; que si Briand et Stresemann avaient &eacute;t&eacute; &eacute;cout&eacute;s eh bien je me trouverait pas &agrave; Auschwitz et il n'y aurait pas autour de moi tant de camarades. Il n'y aurait pas ce qui meurt qu'il n'y aurait pas ce drame absolu qu'a connu l'humanit&eacute; parce que nous aurions eu, cherch&eacute; &agrave; r&eacute;concilier les peuples de l'Europe et &agrave; dire que des si&egrave;cles de sang vers&eacute;, de v&eacute;ritable guerre civile entre nos pays d'Europe de l'Ouest ne se serait pas pass&eacute; ces guerres fratricides n'&eacute;tait plus possible.

J'avais surtout le sentiment en 1944 et les premiers mois de 1945 quand le monde s'&eacute;croulait qu'on se demandait si quelques uns parmi nous rentreraient et o&ugrave; j'&eacute;coutais ceux qui avant de mourir disaient s'il y en a qui rentrent il faut qu'ils disent ce que nous avons v&eacute;cu il faut qu'ils parlent. Et c'est ce que nous craignions tous les uns et les autres ce que personne ne rentre. Et Primo Levi l'a dit tout de suite dans les ann&eacute;es 46-47, Jorge Semprun l'a redit r&eacute;cemment c'&eacute;tait &ccedil;a notre hantise: rentrer pour raconter. Mais non pas dans un d&eacute;sir de vengeance je crois que personne ne doit se tromper sur les sentiments de ceux qui pourtant n'avaient plus &agrave; peine de voir pour parler c'&eacute;tait uniquement pour que l'on &eacute;vite que &ccedil;a se reproduise. Et dans ce dessein ce tr&egrave;s grand dessein que &ccedil;a ne puisse pas se reproduire. Pour moi il n'y avait qu'une chance c'&eacute;tait l'Europe la r&eacute;conciliation.

Alors je dirai cette r&eacute;conciliation elle s'est faite elle est maintenant tellement faite d'ailleurs que je pense que pour les jeunes aujourd'hui parler de r&eacute;conciliation &ccedil;a a un c&ocirc;t&eacute; tout &agrave; fait absurde et archa&iuml;que. Ils doivent penser un peu que je radote m&ecirc;me peut &ecirc;tre mais j'ai &eacute;t&eacute; &eacute;lev&eacute; dans le souvenir de la guerre m&ecirc;me de 70 et de l'esprit de revanche. Puis on a &eacute;t&eacute; &eacute;lev&eacute; dans le souvenir des tranch&eacute;es de la guerre 14 18 et de tous les morts. Et puis presque in&eacute;luctablement nous sommes 10 nous reverrons une guerre nos enfants repartiront &agrave; la guerre et cette guerre s'est reproduite avec encore plus horrible peut &ecirc;tre que les pr&eacute;c&eacute;dentes parce qu'on a connu une barbarie &eacute;pouvantable. Cette r&eacute;conciliation me paraissait la seule chance et &ccedil;a paraissait peut &ecirc;tre absurde de croire &agrave; la r&eacute;conciliation entre la France et l'Allemagne. Je dirais franchement aujourd'hui devant vous Monsieur le Pr&eacute;sident que si je souhaite paix cette r&eacute;conciliation c'est parce que j'avais profond&eacute;ment le sentiment que tant de haine tant de barbarie sinon ne pouvaient aboutir qu'&agrave; un troisi&egrave;me conflit mondial et surtout &agrave; une volont&eacute; de vengeance et une volont&eacute; peut &ecirc;tre de faire subir aux autres ce que nous avions subi et que c'&eacute;tait repartir dans un engrenage &eacute;pouvantable.

Il n'y avait donc pas d'autre issue et que c'&eacute;tait bien plus je dirais la raison &agrave; l'&eacute;poque. Que le pardon. Mais que c'&eacute;tait indispensable pour l'avenir pour ces g&eacute;n&eacute;rations que nous voyons ici et dont nous voyons qu'aujourd'hui elles se souviennent. Mais qu'en m&ecirc;me temps elles veulent avoir confiance en l'avenir. La r&eacute;conciliation Oui nous l'avons r&eacute;ussi pleinement r&eacute;ussi puisque personne ne pense qu'il puisse y avoir de nouveau un conflit entre autonomie. Mais ce que nous avons pour partie rat&eacute; il faut le dire aussi c'est quand nous voyons c'est que nous n'avons pas pu pas su &eacute;viter le pire quand nous voyons ce qui se passe au Rwanda qui est un v&eacute;ritable g&eacute;nocide g&eacute;nocide qui risque de se r&eacute;pandre dans les pays voisins quand nous voyons cette guerre qui est une guerre civile entre bas&eacute;e sur des notions ethnique qui se d&eacute;roule dans l'ex Yougoslavie et que &ccedil;a se passe si pr&egrave;s de chez nous et que nous ne savons pas l'&eacute;viter avec toutes les cons&eacute;quences et qu'au contraire chaque jour le conflit empire quand nous voyons dans nos propres pays.

D'abord le r&eacute;visionnisme qui est vraiment la base m&ecirc;me de ce qui peut donner r&eacute;surgence au pass&eacute;. Parce que d&egrave;s lors qu'on nie le pass&eacute; il peut revenir et je crois que chaque fois que j'ai pens&eacute; r&eacute;conciliation amiti&eacute; avec l'Allemagne amiti&eacute; avec les Allemands et je crois qu'ici dans ce Parlement nous avons tous compl&egrave;tement v&eacute;cu au jour le jour l'amiti&eacute; entre nous, qu'aucun homme ne s'est exclu de cette volont&eacute;. Mais aujourd'hui quand nous voyons cette volont&eacute; s'&eacute;mousser devant les difficult&eacute;s que nous voyons la tentation de certains non seulement de nier le pass&eacute; mais de ne pas vouloir l'assumer je crois qu'il y a l&agrave; quelque chose qui pourtant est indispensable. Car nous ne pouvons rester amis nous ne pouvons nous r&eacute;concilier quand chacun dans notre pays, nous acceptons de voir quelles sont les responsabilit&eacute;s et de lutter que plus aucun &eacute;l&eacute;ment ne puisse exister, se r&eacute;aliser qui puisse risquer de nous entra&icirc;ner dans un retour du pass&eacute;.

Ce Parlement a beaucoup travaill&eacute; beaucoup travaill&eacute; pour lutter contre le racisme l'antis&eacute;mitisme et la x&eacute;nophobie car c'est l&agrave; la racine du mal. Ca a &eacute;t&eacute; la racine du mal parce qu'il faut bien le dire m&ecirc;me si aujourd'hui certains m&ecirc;me parmi les historiens parfois il y a des discussions veulent nier que c'&eacute;tait dans l'essence m&ecirc;me du nazisme mais que cette essence on risque de la retrouver &agrave; l'&eacute;tat plus ou moins larv&egrave;re dans un certain nombre d'actes dans un certain nombre d'agissements dans simplement m&ecirc;me des opinions. Alors on dit mais vous ne pouvez pas punir des d&eacute;lits d'opinion. Mais chacun sait que c'est comme &ccedil;a que &ccedil;a a commenc&eacute; et que le nazisme est venu par les voies d&eacute;mocratiques et que c'est parce qu'on a laiss&eacute; se r&eacute;pandre certaines id&eacute;es parce qu'on n'a pas su d&eacute;noncer le mal qu'ensuite devenu le mal absolu.

Je pense que c'est l&agrave; notre raison d'&ecirc;tre, d'&ecirc;tre ici ensemble aujourd'hui et pour la Fondation Simon Wiesenthal d'avoir organis&eacute; ce concours pour que les jeunes sachent qu'on ne peut rien tol&eacute;rer. La tol&eacute;rance oui c'est pour &ccedil;a que nous nous battons mais nous ne pouvons avoir aucune tol&eacute;rance vis &agrave; vis de ceux qui expriment des id&eacute;es d'exclusion, des id&eacute;es de racisme, des id&eacute;es de x&eacute;nophobie tout &ccedil;a se m&eacute;lange et c'est simplement la volont&eacute; que nous devons tous manifester qui pourra lutter contre cet esprit cet esprit qui revient malheureusement beaucoup trop vite alors qu'on le croyait disparu.

L'&eacute;cole, l'&eacute;cole c'est elle qui est la plus importante des enfants. Nous vous faisons confiance et je remercie vos ma&icirc;tres aussi qui ont su organiser ces concours en m&ecirc;me temps que la fondation et j'ai constat&eacute; d'ailleurs avec bonheur que cette ann&eacute;e &agrave; l'occasion du 50e anniversaire il y a eu en tout cas en France mais je crois partout beaucoup beaucoup de mobilisation par les m&eacute;dias, par l'enseignement pour non seulement par les faits mais les expliquer parce que je crois que c'est &ccedil;a qui est important c'est d'expliquer de se mobiliser de comprendre. Le r&ocirc;le en incombe bien s&ucirc;r &agrave; tous les &eacute;ducateurs &agrave; tous les niveaux. Il incombe aussi aux historiens car je crois qu'on n'a pas encore tir&eacute; tout le parti de l'histoire de l'enseignement de l'histoire.

Les choses ne sont pas un hasard elles ne sont pas une fatalit&eacute;. Il faut dire il y a des choses qui &eacute;taient inscrites dans la logique et que l'on n'a pas voulu voir dans les ann&eacute;es 1933 &agrave; 1940. On a cru trop tard on a dit savoir trop tard alors que l'on savait et c'est l&agrave; la le&ccedil;on. Et la le&ccedil;on pour l'Histoire et pour l'Europe c'est de continuer &agrave; se construire continue &agrave; se construire, utiliser les instruments dont elle dispose d&eacute;j&agrave; et je pense &agrave; la Convention europ&eacute;enne des droits de l'homme utiliser ses institutions comme le Parlement europ&eacute;en qui a su entra&icirc;ner la Commission et le Conseil et peut &ecirc;tre r&eacute;fl&eacute;chir d'ici 1996 &agrave; de nouveaux instruments et je crois que le Parlement europ&eacute;en lui m&ecirc;me y r&eacute;fl&eacute;chit de savoir si l'Union europ&eacute;enne ne doit pas avoir ses propres instruments juridiques &agrave; la fois et symboliques qui serait une proclamation des droits de l'homme au sein de l'Union europ&eacute;enne et qui pourrait &ecirc;tre &agrave; la fois un mod&egrave;le et une.